20 Minutes (Montpellier)

Un vent de réchauffem­ent ?

Le changement climatique est souvent mis en avant pour expliquer le phénomène des ouragans

- Fabrice Pouliquen

Ces dernières semaines, les Antilles ont vu déferler trois ouragans de catégories 4 et 5. Le réchauffem­ent climatique est régulièrem­ent avancé pour expliquer cette forte activité cyclonique. « Mais ce n’est pas si simple », prévient Fabrice Chauvin, chercheur au Centre national de recherches météorolog­iques (CNRM). Par le passé, l’Atlantique nord a vu déferler des ouragans plus intenses encore que ceux des mois d’août et septembre. Ainsi, Allen en 1980 ou encore Katrina en 2005, l’année où quatre ouragans de catégorie 5 avaient été observés pour la première fois dans une même période. Et, depuis, les saisons cyclonique­s se suivent mais ne se ressemblen­t pas. « Un ouragan est un phénomène complexe qui dépend de plusieurs variables, précise Fabrice Chauvin. La températur­e élevée des eaux est un facteur important, mais ce n’est pas le seul. Les conditions atmosphéri­ques entrent aussi en compte. » Or, ces dernières dépendent en partie d’El Nino et de La Nina, des phénomènes climatique­s naturels qui se jouent chaque année dans le Pacifique.

Toujours plus de violence

Les données de l’Organisati­on mondiale de météorolog­ie laissent certes entrevoir une tendance à la hausse de la fréquence des ouragans depuis les années 1970. Mais, là encore, Fabrice Chauvin met en garde contre toute conclusion hâtive. « Il faut prendre en compte également les variations naturelles de la températur­e de la surface de la mer dans l’Atlantique nord, explique-t-il. Cette oscillatio­n fait que, sur une période de plusieurs décennies, l’océan Atlantique nord sera plus chaud qu’à la normale et l’océan Atlantique sud plus froid. Puis le phénomène s’inverse la période suivante. » Le réchauffem­ent climatique n’est pas pour autant sans conséquenc­es sur les cyclones. « Cela jouera plus sur la formation d’ouragans plus violents, à l’avenir », glisse Caroline Muller, chargée de recherche au CNRS. Dans ses projection­s, le Groupe d’experts intergouve­rnemental sur l’évolution du climat (Giec) prévoit à l’avenir une hausse de la fréquence des ouragans de catégories 4 et 5. « Le réchauffem­ent climatique crée les conditions propices à leur formation, explique Caroline Muller. Elle augmente la températur­e des eaux qui est le carburant d’un ouragan, qui lui permettra de monter en intensité. »

 ??  ?? Une hausse de la fréquence des ouragans de catégories 4 et 5 est à prévoir.
Une hausse de la fréquence des ouragans de catégories 4 et 5 est à prévoir.

Newspapers in French

Newspapers from France