Le Skill, la dernière salle d’arcade
NOSTALGIE Rue de Verdun, l’antre des jeux vidéo et des flippers a ouvert ses portes en 1964
Comme le Rockstore, le Skill fait partie du patrimoine montpelliérain. Rue de Verdun, la salle d’arcade est l’une des toutes dernières encore en activité en France. Ouvert en février 1964 par les frères Doumayrou, le Skill a traversé l’histoire du jeu, des flippers aux hits en 3 D.
« Un succès terrible »
« Nous avions le monopole des cinémas à Sète, raconte Marin Doumayrou, 79 ans. Mais c’était une activité assez contraignante. Chaque jour, un agent des impôts venait contrôler les tickets. Je me suis dit que des jeux, ce serait peut-être pas si mal... Et en effet : nous avons placé dix-huit machines et avec elles, nous gagnions plus d’argent qu’avec deux salles de cinéma. » Ainsi, convaincue que ce type de divertissement a de l’avenir, la petite famille part à la recherche d’un local à Montpellier. L’affaire sera conclue quelques mois plus tard : Chez Nénette, un restaurant rue de Verdun, s’en va. Très vite, avec ses flippers, ses baby-foots Bonzini et ses jeux importés de Chicago, le Skill fait mouche. « Au début, il y avait notamment des jeux de tirs, on visait des ours, des canards, souligne Yves Doumayrou, 47 ans, qui a repris cette salle de jeu avec son frère Marc. Puis l’électronique est arrivée. Il y a eu “Pong”, les casse-briques, “Pac-Man”. Et “Bubble Bobble” : sur la borne, il y avait au moins dix pièces de dix francs en attente. Les gens faisaient la queue pour jouer ! » « Je fermais la salle à 3 ou 4 h du matin et je rouvrais à 10 h, reprend son père. C’était un succès terrible. » Les années passent, des concurrents débarquent, puis ferment... Les consoles de salon, les PC, Internet et les smartphones font souffrir les salles d’arcade. « On a tenu. Mais c’était compliqué, raconte Yves Doumayrou. Chez vous, vous jouez à volonté. Ici, il faut mettre des pièces. » Poursuivant ses activités de vente de bornes en parallèle, les Doumayrou se renouvellent. Aujourd’hui, seuls 150 m2 sur 600 sont dédiés à des jeux. Et un Laser Quest a ouvert. Mais dans ces couloirs sombres, restent les souvenirs de ceux qui ont découvert ici les joies de « Pong » ou de « Pac-Man.