Le suspect, lié à Daesh, préparait l’attaque depuis plusieurs semaines
Il aura fallu quelques heures aux autorités américaines pour identifier l’auteur présumé de l’attaque survenue mardi après-midi à New York. Agé de 29 ans et installé aux Etats-Unis depuis 2010, l’Ouzbek Sayfullo Saipov planifiait cet attentat depuis des semaines, « au nom de Daesh », a déclaré la police new-yorkaise. L’attaque, qui a fait huit morts, interroge sur l’ampleur de la mouvance radicale au sein de la population ouzbek. René Cagnat, chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques, a vécu en Ouzbékistan avant de s’installer au Kirghizstan. Ses recherches portent sur la montée de l’islam dans la région.
Quelle est l’ampleur du mouvement islamiste radical en Ouzbékistan ?
Il s’agit avant tout d’un mouvement clandestin. L’Ouzbékistan est encore sous l’emprise d’une dictature qui ne laisse rien passer. Les Ouzbeks radicaux sont très actifs à l’étranger et partent souvent au Kirghizstan voisin ou au Tadjikistan, où ils sont moins gênés aux entournures. Il y a également une minorité très agissante en Turquie. L’auteur de l’attentat à Istanbul, la nuit du dernier Nouvel An, était ouzbek, tout comme l’auteur de l’attentat du métro de Saint-Pétersbourg. On sait aussi qu’il y a un très fort contingent en Syrie dans les rangs de Daesh, comme en Afghanistan quelques années auparavant.
Comment l’expliquez-vous ?
A la fin des années 1990, après la chute de l’Union soviétique, il y a eu des attentats très importants revendiqués par le Mouvement islamique d’Ouzbékistan.
La réponse apportée par le régime ouzbek a été répressive avec de très nombreuses arrestations. Les Ouzbeks les plus radicaux sont partis, notamment au Kirghizstan où ils pouvaient se « défouler » et où les grands groupes comme Al-Qaida ou Al-Nosra et aujourd’hui Daesh ont des relais.
Y a-t-il une résurgence de ces mouvements dans la région ?
Pas en Ouzbékistan. C’est mission impossible. La population y est tenue en main. Mais le terrain turc est beaucoup plus exposé. Le nord de l’Afghanistan attire aussi de plus en plus de candidats au djihad.