«Il est avant tout un opportuniste»
Gwenda Blair Auteure de « Les Trump : Trois générations de bâtisseurs et un président » (éd. Simon and Schuster, en anglais)
Quelle note se décernerait Trump pour un bilan, au final, assez maigre ? Un an ou une minute après, il se décernerait la même note : 20/20. Il se vend à chaque instant comme le meilleur produit. Ne prend-il jamais de recul en privé face à la réalité ? Non, c’est la force de l’auto-persuasion. Il a été très influencé par son père, qui l’a élevé pour être un « killer », et par le pouvoir de la « pensée positive » prêchée par le pasteur Norman Peale, qui a officié à son premier mariage. L’idée centrale, c’est que, si vous créez dans votre esprit une vision de succès, que vous ne pensez jamais à l’échec, le succès viendra. Trump a poussé le concept plus loin : ceux qui s’opposent à lui doivent être détruits, comme les médias, Hillary Clinton ou [l’ex-directeur du FBI] James Comey.
Comment perçoit-il sa cote de popularité historiquement basse à ce stade, à moins de 40 % ?
Il remet tout simplement en cause la fiabilité de ces mêmes sondages qui le donnaient perdant il y a un an.
Il franchit souvent la ligne jaune sur les questions raciales. Est-ce par conviction ou par intérêt ?
On me demande souvent si je pense que Trump est raciste. La réponse est… oui. Mais ce n’est pas ce qui le définit. C’est avant tout un opportuniste. Il est capable d’être pour ou contre n’importe quoi, tant que ça lui profite. Il est volontairement flou dans ses positions et en change souvent. C’est difficile d’attaquer un adversaire imprévisible.
« Il a été influencé par son père, qui l’a élevé pour être un “killer”. »
Il a viré une dizaine de personnes en un an. Gère-t-il la Maison-Blanche comme le jeu « The Apprentice » ?
Il a toujours fonctionné ainsi avec son entreprise. Il encourage la concurrence et les coups de poignard dans le dos. Il n’y a aucune loyauté à l’intérieur de son équipe, sauf envers lui. Il est à l’aise dans ce chaos. C’est pareil à l’international : il n’y a pas de place pour le multilatéralisme. C’est « America First ».