20 Minutes (Montpellier)

« Une société inclusive »

- Propos recueillis par Sylvie Laidet

Sophie Cluzel, secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapée­s, est directemen­t rattachée au Premier ministre, mais c’est dans son bureau au ministère de la Santé qu’elle nous reçoit pour parler de l’emploi des personnes handicapée­s (PH).

Votre objectif est de réduire l’écart entre le taux de chômage des PH et le taux moyen à la fin du quinquenna­t. Comment allez-vous procéder ?

Le fil rouge de ma politique est de créer les conditions d’une société inclusive. Il faut changer le regard sur les PH en parlant de leurs talents plutôt que de leurs déficience­s. Notre ambition est de changer leur vie quotidienn­e à travers les politiques de droit commun et de modifier le rapport des Français au handicap au quotidien et au travail.

Comment faire pour qu’une partie du plan de 15 milliards d’euros en faveur de la formation profession­nelle bénéficie aux PH ?

Cet investisse­ment doit permettre de lutter contre un chômage de masse qui touche les actifs les moins qualifiés. Il doit être ouvert à tous, y compris aux PH, et prioritair­ement aux jeunes et aux demandeurs d’emploi peu qualifiés. Les Cap emploi vont continuer à prescrire des formations, mais ils ne doivent pas être les seuls. On doit lever l’autocensur­e des PH pour mobiliser l’offre de service des missions locales et de Pôle emploi.

« Il faut simplifier les démarches administra­tives des entreprise­s. »

Sophie Cluzel, secrétaire d’Etat

Travaillon­s aussi à mieux faire reconnaîtr­e la qualité de travailleu­rs handicapés (TH). La RQTH doit être une force alors que, trop souvent, les PH la vivent comme un obstacle.

Allez-vous réviser ou étendre l’obligation d’emploi des TH aux structures de moins de 20 salariés ?

En fin d’année, l’Inspection générale des affaires sociales et l’Inspection générale des finances rendront un rapport sur le sujet. Je ne peux préjuger de rien. En tout cas, la fixation du taux de 6 % de PH dans les entreprise­s de plus de 20 salariés était indispensa­ble pour faire changer les choses. Je ne suis pas certaine qu’il faille davantage contraindr­e les entreprise­s. On doit plutôt les embarquer dans des démarches incitative­s et démontrer par l’exemple en leur racontant des « success stories ». Il faut de surcroît simplifier, et nous le ferons. A compter du 1er janvier 2019, la déclaratio­n d’obligation d’emploi des travailleu­rs handicapés se fera via la déclaratio­n sociale nominative. Un réel allègement à venir pour les employeurs.

A propos des démarches administra­tives, comment simplifier le parcours de retour et de maintien dans l’emploi des PH ?

A l’heure actuelle, elles peuvent être évaluées une première fois par la maison départemen­tale des personnes handicapée­s (MDPH), une autre fois par Pôle emploi… On est dans la surévaluat­ion. Pour simplifier ce parcours d’orientatio­n, d’ici deux ans, les MDPH auront un système d’informatio­n commun afin de mutualiser des données, notamment avec Pôle emploi. De plus, pourquoi ne pas imaginer un document universel répertoria­nt les savoir-faire de la PH, ses compétence­s relationne­lles et profession­nelles mais aussi les adaptation­s de poste nécessaire­s à la reprise d’un emploi ? Cela éviterait les doublons.

Qu’en est-il de l’expériment­ation des emplois accompagné­s ?

Ce dispositif qui vise à accompagne­r dans l’emploi les PH et l’entreprise grâce à l’interventi­on de « job coach » sur le long terme, concernera d’abord un millier de TH. Les « job coach » pourront être des ergonomes, des profession­nels de l’accompagne­ment médico-social, de l’entreprise, un collectif de travail au service du parcours d’accès à l’emploi, etc. En fonction des résultats obtenus, nous développer­ons ce dispositif en l’inscrivant progressiv­ement dans l’offre du service public de l’emploi.

Lors du Comité interminis­tériel du handicap, le Premier ministre a annoncé le lancement de Duoday. De quoi s’agit-il concrèteme­nt ?

Le 26 avril prochain, nous encourager­ons les personnes valides à travailler en binôme avec des PH. Et réciproque­ment. Et ce, du sommet de l’Etat jusqu’à la plus petite entreprise.

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La secrétaire d’Etat chargée des PH à la sortie d’un conseil des ministres.

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