Le récit d’une des deux plaignantes remis en cause
Le récit d’une victime présumée de viol a été contesté
Appuyée à la barre de la cour d’assises de Seine-Saint-Denis, Virginie E. a souvent peiné à contenir ses larmes. Jeudi, au troisième jour du procès de Georges Tron et de Brigitte Gruel pour viols et agressions sexuelles en réunion, son récit a été longuement décortiqué, et malmené. La plaignante a confié la « gêne » ressentie dès la première fois où l’ex-secrétaire d’Etat lui a saisi le pied sous couvert de réflexologie plantaire, avant même son embauche en 2008. Elle a surtout longuement raconté son « choc » lorsque les accusés auraient abusé d’elle.
Pendant que son adjointe la déshabillait, l’édile lui aurait saisi le pied, puis lui aurait fait subir un viol digital. Pourquoi n’a-t-elle pas réagi lorsqu’elle a senti qu’on était en train de la déshabiller, l’invective le président, particulièrement brutal? « Je n’étais plus là, paralysée, je ne pouvais plus bouger », justifie la quadragénaire, la voix étranglée. « Je suis surpris du ton de cet interrogatoire qu’on dirait tout droit sorti des années 1950, où l’on semble découvrir le phénomène de sidération », s’emporte Vincent Ollivier, son conseil. Tout au long de l’instruction, la plaignante a assuré que la scène s’était déroulée le 12 novembre 2009. L’enquête a, en réalité, prouvé qu’elle avait eu lieu la semaine suivante, le 19 novembre. Ce problème de date est l’un des axes de la défense. Car, ce jour-là, les pompiers sont intervenus au domicile de Virginie E., après qu’elle a tenté de se suicider. Or, dans ses déclarations aux enquêteurs, elle a affirmé qu’elle était rentrée chez elle. « On pourrait comprendre que quelqu’un qui a été violé puisse se tromper, lâche Eric Dupond-Moretti, l’avocat de Georges Tron. Mais que vous ne liez pas les faits et la tentative de suicide, ça, c’est incompréhensible. » Et que dire de cette rumeur, qu’elle a répandu auprès de ses collègues, sur son cancer de l’utérus. Elle ne nie pas, mais affirme que c’était pour que Georges Tron, « hypocondriaque », ne l’approche plus. « Tout le monde sait qu’un cancer, ça ne s’attrape pas », lâche le président. Pris un à un, ces éléments sont négligeables mais, mis bout à bout, ils fragilisent le récit de la plaignante. Le verdict est attendu le 22 décembre, mais les audiences ont pris un tel retard que ce délai semble d’ores et déjà intenable.
« Je n’étais plus là, paralysée, je ne pouvais plus bouger. »
Virgine E., plaignante