20 Minutes (Montpellier)

Les Bleues toujours en manque de reconnaiss­ance

Ce vendredi, la France affronte la Suède en demie du Mondial

- Aymeric Le Gall

Depuis une quinzaine d’années, l’équipe de France féminine de handball enchaîne les grosses performanc­es : vice-championne olympique en 2016, médaillée d’argent aux Mondiaux en 2011, en bronze à l’Euro 2016… Et pourtant, avant la demi-finale du championna­t du monde, ce vendredi face à la Suède (20 h 45), cette sélection souffre d’un manque d’engouement et de médiatisat­ion. Et 20 Minutes fait, malheureus­ement, partie du lot.

VUne faute des médias ? « Elles ont d’excellente­s valeurs, une bonne image, elles s’expriment plutôt bien, analyse Jérôme Fernandez, l’ancien capitaine des Bleus. Je pense que, si on ne les voit pas plus que ça, c’est un parti pris des médias qui réfléchiss­ent au niveau de l’audience. En foot, les féminines ne gagnent pas, et pourtant, elles sont de plus en plus exposées. Mais voilà, c’est du foot… » Même son de cloche chez Amélie Goudjo, ancienne pro et consultant­e pour beIN Sports : « Il faudrait que les médias accordent plus de temps au sport féminin. On dit que les gens ne s’identifien­t pas aux filles, mais il faut les montrer. Plus on va les montrer, plus on va créer des liens entre le public et les joueuses. »

Un trop-plein de compétitio­ns.

Dans le sport, la rareté crée l’engouement. Si les accros au foot arrêtent de vivre et délaissent leur famille pendant un mois, tous les quatre ans, pour la Coupe du monde, c’est justement parce que c’est tous les quatre ans. « Le handball internatio­nal, par appétit de droits télé, inflige cinq compétitio­ns importante­s tous les quatre ans [deux Mondiaux, deux Euros et les JO], peste Daniel Costantini, l’ancien sélectionn­eur des Bleus. Ça tend à banaliser les événements et ça enlève de l’intérêt. »

V Un titre qui manque. Si l’on a beaucoup parlé des hommes, c’est d’abord parce qu’ils ont remporté des trophées majeurs. De leur côté, les handballeu­ses tricolores n’ont gagné qu’un seul titre, c’était en 2003, lors des Mondiaux en Croatie. « En France, si vous ne gagnez pas un Mondial ou un

titre olympique, vous ne serez pas reconnus par le grand public. C’est le mal français », juge Fernandez. V Un manque de solidarité dans

le hand ? Après avoir gagné l’argent olympique en 2016, Allison Pineau éclate : « Personne ne croyait en nous, excepté nous-mêmes. Quand j’entends le sélectionn­eur dire, après le premier match, qu’il n’a pas reçu un seul message d’entraîneur­s français pour nous encourager, il y a de quoi se poser des questions. » Alors, le petit milieu du hand serait-il mauvais camarade ? « Peut-être qu’il manque cette solidarité, ce manque de mobilisati­on quand ce sont les féminines qui jouent, réfléchit Béatrice Barbusse, secrétaire générale de la Fédération française de hand. On l’a vu pour l’organisati­on de l’Euro 2018, les clubs pros ne se sont pas tous mobilisés pour accueillir une phase de poule de l’Euro. »

V Un peu d’optimisme. Un constat revient chez nos quatre témoins : l’espoir. Au fil des ans, la situation s’améliore. Et ce championna­t du monde, en cas de victoire tricolore, peut vraiment changer la donne. « En 2003, avec le titre mondial, ça avait explosé, se souvient Amélie Goudjo. Et nous, les joueuses, on en avait profité. »

« Si vous ne gagnez pas un titre mondial, vous n’êtes pas reconnus. »

Jérôme Fernandez

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Après une phase de poules compliquée, les Bleues et Laurisa Landre, la pivot, ont déroulé en huitième et en quart.

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