20 Minutes (Montpellier)

Une militante très patiente

- Oihana Gabriel

Ni tabou, ni honte. « Il y a quinze ans, à 10 h du matin, j’aurais pris un verre de vin », confie Laurence Cottet devant son jus d’orange. Carré blond, chaussures à talons et silhouette fine, cette femme de 57 ans dévoile sans détour son passé d’alcoolique consécutif, notamment, à la mort de son mari en 1995. Jusqu’à ce jour de 2009, où elle s’est évanouie lors des voeux de son entreprise… Elle a alors su se relever. « Je n’ai jamais réussi à retrouver un emploi, mais je travaille tout le temps ! » sourit l’énergique quinqua qui est devenue patiente-experte, un nouveau métier rare et méconnu. Ni médecin, ni bénévole, elle joue le rôle d’intermédia­ire entre patients et soignants, forte de son expérience et d’une formation. Car Laurence Cottet a repris ses études : son diplôme universita­ire en addictolog­ie en poche, elle poursuit avec un DU en éducation thérapeuti­que à l’Université des patients avec l’espoir d’obtenir un poste de patiente-experte rémunérée. « Je n’ai pas fait médecine ! Mon rôle, c’est d’être à l’écoute du patient et de donner mon éclairage au soignant », résume-t-elle. Elle court donc entre les conférence­s grand public, trois groupes de parole par semaine dans la Drôme, une vacation à l’hôpital de Montélimar et son associatio­n, H3D, du nom de la méthode qu’elle a mise au point, pour accompagne­r tous les addicts, mais aussi leur entourage en souffrance.

Une journée sans alcool ?

Pour avoir encore plus d’impact, elle défend l’idée de faire une journée nationale de prévention sur l’alcool, notamment avec une pétition qui a recueilli 13 000 signatures. « Ce n’est pas contre l’alcool, mais pour que tous les pouvoirs publics ce jour-là informent sur l’alcoolisme. Pour que chacun puisse se demander : où en suis-je? Moi, j’ai perdu un temps fou et des milliers de gens vivent ça. » Pourquoi pas un mois sans alcool, à l’image du Dry January, en Grande-Bretagne? « Quand on est alcoolique, c’est dangereux de s’arrêter brutalemen­t seul. Et cela ne sert à rien de pénaliser les neuf dixièmes des Français pour qui boire est un plaisir, pas une maladie. » Et comme Laurence Cottet ne manque pas d’audace, elle a envoyé son livre Non ! J’ai arrêté (Interéditi­ons), dédicacé, au président Macron. Qui, huit jours après, a répondu : « Merci de porter cette cause si importante. » « Monsieur le président qu’attendez-vous pour me recevoir afin que nous mettions en place cette journée nationale prévention alcool? » lui lance-t-elle.

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Laurence Cottet défend l’idée d’une journée de prévention sur l’alcool.

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