Ça plane pour eux
Le « non » du gouvernement au projet de l’aéroport ravit les zadistes. Mais cette joie n’est pas partagée par tous.
«Incroyable », « un soulagement », « une immense joie ». Jeudi soir, quelques heures après l’annonce par le gouvernement de l’abandon du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, les opposants à ce dernier n’en reviennent toujours pas. Dans la ZAD, à La Vache Rit, cette grange transformée en QG qui a abrité des dizaines de réunions, l’ambiance est euphorique. Les pieds dans la boue, près de 300 personnes fêtent « ce rendez-vous avec l’histoire », en musique et à grand renfort de bière. « C’est la reconnaissance de la force d’un mouvement très divers, mais finalement complémentaire, indique une jeune fille qui se fait appeler Camille. On n’est pas des politiques, mais on est des convaincus et on s’est bagarré. On a accompli quelque chose qui n’a jamais eu lieu. » Bertille enchaîne : « Ça montre que, dans notre pays, il est possible de contester un grand projet. Et de gagner après un combat de longue haleine. »
Le combat n’est pas fini
Devant les membres du collectif antiaéroport, Agnès Belaud, secrétaire de l’Acipa, la principale association contre ce projet vieux de cinquante ans, essuie une larme. « Je suis petite-fille de pay- san. Cette lutte pour la défense des terres agricoles, je l’ai commencée en 1975 quand j’avais 20 ans. J’ai toutes ces images qui défilent : les réunions, les manifestations, les grèves de la faim… J’y ai mis tellement d’énergie. » Françoise Verchère, ex-maire de Bouguenais, qui a toujours soutenu l’option de réaménagement de l’aéro- port de Nantes-Atlantique, lâche un soupir de soulagement : « Il y a eu des hauts, des bas, mais, cette fois, on a gagné. » Alors que le gouvernement a annoncé que les agriculteurs historiques pourraient rester sur la zone, Marcel Thébault, à la tête d’une exploitation, sait que l’avenir de la ZAD sera difficile. Le Premier ministre Edouard Philippe a demandé aux « occupants illégaux » de partir d’eux-mêmes d’ici au printemps, le temps que la trêve hivernale s’achève, ce que personne ne semble accepter. « On a monté une librairie, une boulangerie, une nouvelle organisation de vie, de nouveaux modes d’agriculture… Ce n’est pas parce que le projet est arrêté que l’on va laisser tout en plan », prévient un habitant.