La lutte contre le gaspillage au centre d’un projet de loi
Un projet de loi a été présenté
La lutte contre le gaspillage alimentaire est l’un des volets méconnus du projet de loi issu des états généraux de l’alimentation, présenté mercredi en Conseil des ministres. Déjà appliquée à la grande distribution l’an passé, avec des résultats encourageants*, elle concerne cette fois-ci la restauration collective (cantines scolaires, restaurants d’entreprises, établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes…) et l’industrie agroalimentaire.
Ces deux secteurs se verraient dans un premier temps tenus de mettre en place un diagnostic et de diffuser des outils prédictifs pour prévenir le gaspillage. Dans un second temps, ils auraient obligation de donner leurs excédents à des associations, au-delà d’un certain seuil, à ce jour non précisé.
Guillaume Garot, député socialiste de la Mayenne à l’origine du texte concernant la grande distribution, a conscience que « redistribuer des plats chauds issus de la restauration collective serait compliqué », et demanderait un important travail préalable avec les associations. En revanche, pour ce qui est de la réduction en amont du gaspillage, le potentiel est important. En France, indique Laurence Gouthière, chargée de la lutte contre le gaspillage alimentaire à l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), « il existe 72 000 lieux de restauration collective et, en 2015, 3,8 milliards d’euros de repas ont été servis ». Dix millions de tonnes de nourriture sont gaspillées chaque année sur l’ensemble de la chaîne, selon l’Ademe. « La restauration collective représente 8 % de ce gaspillage, reprend Laurence Gouthière. A titre de comparaison, la grande distribution, c’était 14 %. »
Un guide en ligne
L’Ademe a bon espoir de mobiliser les acteurs de la filière. En 2015, déjà, la loi Transition énergétique croissance verte demandait à la restauration collective de mettre en place des démarches de lutte contre le gaspillage alimentaire, rappelle Laurence Gouthière. Un guide compilant des pratiques parfois simples à adopter a même été mis en ligne. Parmi elles , proposer des assiettes de différents diamètres (pour les petites faims et les grandes faims) dans les selfservices. Ou encore disposer le pain non plus à l’endroit où l’on compose son repas, mais ailleurs dans la salle : « Avoir à se lever pour prendre du pain amène à se poser la question de savoir si on en a vraiment besoin », relève Guillaume Garot. Pour Laurence Gouthière, « réduire en moyenne 30 % le gaspillage alimentaire dans un établissement de restauration collective sans investissements lourds, mais en faisant preuve de bon sens, est possible. » Le projet de loi doit être examiné en mars, pour une adoption avant l’été.
* Selon les premiers retours, par exemple, les dons aux associations ont augmenté entre 10 et 15 %.