20 Minutes (Montpellier)

La lutte contre le gaspillage au centre d’un projet de loi

Un projet de loi a été présenté

- Fabrice Pouliquen

La lutte contre le gaspillage alimentair­e est l’un des volets méconnus du projet de loi issu des états généraux de l’alimentati­on, présenté mercredi en Conseil des ministres. Déjà appliquée à la grande distributi­on l’an passé, avec des résultats encouragea­nts*, elle concerne cette fois-ci la restaurati­on collective (cantines scolaires, restaurant­s d’entreprise­s, établissem­ents d’hébergemen­t pour personnes âgées dépendante­s…) et l’industrie agroalimen­taire.

Ces deux secteurs se verraient dans un premier temps tenus de mettre en place un diagnostic et de diffuser des outils prédictifs pour prévenir le gaspillage. Dans un second temps, ils auraient obligation de donner leurs excédents à des associatio­ns, au-delà d’un certain seuil, à ce jour non précisé.

Guillaume Garot, député socialiste de la Mayenne à l’origine du texte concernant la grande distributi­on, a conscience que « redistribu­er des plats chauds issus de la restaurati­on collective serait compliqué », et demanderai­t un important travail préalable avec les associatio­ns. En revanche, pour ce qui est de la réduction en amont du gaspillage, le potentiel est important. En France, indique Laurence Gouthière, chargée de la lutte contre le gaspillage alimentair­e à l’Agence de l’environnem­ent et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), « il existe 72 000 lieux de restaurati­on collective et, en 2015, 3,8 milliards d’euros de repas ont été servis ». Dix millions de tonnes de nourriture sont gaspillées chaque année sur l’ensemble de la chaîne, selon l’Ademe. « La restaurati­on collective représente 8 % de ce gaspillage, reprend Laurence Gouthière. A titre de comparaiso­n, la grande distributi­on, c’était 14 %. »

Un guide en ligne

L’Ademe a bon espoir de mobiliser les acteurs de la filière. En 2015, déjà, la loi Transition énergétiqu­e croissance verte demandait à la restaurati­on collective de mettre en place des démarches de lutte contre le gaspillage alimentair­e, rappelle Laurence Gouthière. Un guide compilant des pratiques parfois simples à adopter a même été mis en ligne. Parmi elles , proposer des assiettes de différents diamètres (pour les petites faims et les grandes faims) dans les selfservic­es. Ou encore disposer le pain non plus à l’endroit où l’on compose son repas, mais ailleurs dans la salle : « Avoir à se lever pour prendre du pain amène à se poser la question de savoir si on en a vraiment besoin », relève Guillaume Garot. Pour Laurence Gouthière, « réduire en moyenne 30 % le gaspillage alimentair­e dans un établissem­ent de restaurati­on collective sans investisse­ments lourds, mais en faisant preuve de bon sens, est possible. » Le projet de loi doit être examiné en mars, pour une adoption avant l’été.

* Selon les premiers retours, par exemple, les dons aux associatio­ns ont augmenté entre 10 et 15 %.

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Il existe 72 000 lieux de restaurati­on collective en France.

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