Toujours la même ritournelle
Les Bleus se veulent très positifs avant de jouer l’Irlande, samedi
On connaît la musique. En dépit de la médiocrité du XV de France et de l’inquiétante gestion fédérale de ces derniers mois, on fait encore comme si les Bleus n’allaient pas se faire sabrer par l’Irlande en ouverture du tournoi des VI Nations, samedi (17h45). Les ressorts activés dernièrement au sein de l’équipe – de la scénarisation des rapports avec le staff du nouveau sélectionneur Jacques Brunel aux appels surannés aux valeurs de combat – sonnent comme des poncifs.
Cette fois, le coach est à l’écoute. Exit Guy Novès, souriant comme un gardien de prison, bienvenue au sémillant Jacques Brunel. La bonne humeur du sélectionneur ne suffit pas pour gagner un match. Pas plus que la « révolution » de faire participer les joueurs en groupes au fameux plan de jeu et à l’identification des faiblesses de l’adversaire. « C’est bien qu’il y ait ce côté participatif, mais ce n’est pas nouveau, précise Maxime Machenaud, demi de mêlée du Racing. En club, on le fait beaucoup ». Chut, Maxime, on est censés y croire quand même.
Cette fois, les Bleus ont les « ingrédients ». Les « ingrédients » qu’il faut mettre sur le terrain, c’est peut-être le lieu commun le plus éculé de l’ovalie. En gros : envoyer des bourre-pifs, plaquer à la carotide, rentrer dans les rucks comme dans une piscine à bulles... « C’est ce qu’on va mettre dedans qui compte, abonde Maxime Machenaud. Si on n’avance pas à l’impact et qu’on perd les duels, si on n’est pas assez agressif au contact, on ne mettra rien en place. » On ne va pas en vouloir à Jacques Brunel de ne pas avoir demandé des combinaisons à ses troupes après dix jours de vie commune. Mais penser un seul instant qu’on va réussir à taper l’Irlande en ne mettant que de l’impact au ras des regroupements, c’est une idée qui appartient à la divine époque où on se farcissait les Blacks « à l’orgueil ».
Cette fois, on tient l’homme providentiel. Après Serin ou Parra, le destin des Bleus est entre les mains de l’ouvreur de l’UBB, Matthieu Jalibert, 19 ans. Le gamin a tout du jeune prodige. « Ce sont les 40 minutes les plus excitantes que j’aie jamais vues de la part d’un aussi jeune joueur, témoignait de lui l’international anglais Ben Kay, après le match NewcastleUBB. Il pourrait être la prochaine star du XV de France ». Envoyer Jalibert au front avec une équipe pleine d’incertitudes contre l’Irlande ressemble au meilleur moyen de foutre en l’air sa jeune carrière. Mais le rugby français n’est pas à un gâchis près.
« Jalibert pourrait être la prochaine star du XV de France. »
Ben Kay, international anglais