Avec les militants, le compte n’est plus bon
L’adhésion gratuite en quelques secondes en ligne bouleverse les chiffres
C ombien les partis comptent-ils de militants ? Difficile d’y voir clair. De temps en temps, les mouvements avancent un chiffre « officiel ». Il y a quelques jours, une dispute de chiffres a même eu lieu entre des responsables du Parti socialiste. Il faut dire que les partis traditionnels ont été bousculés par l’irruption de nouveaux mouvements comme La République en marche (LREM) ou La France insoumise (LFI), qui revendiquent plusieurs centaines de milliers de militants avec « l’adhésion en un clic ».
Aucun paiement
La République en marche compterait aujourd’hui 392000 marcheurs. A La France insoumise, on annonce près de 550 000 militants. Des chiffres importants comparés à ceux donnés par les vieux partis. A titre d’exemple, Les Républicains avancent 234556 adhérents, le PS aurait 102000 membres présents dans ses fichiers et le Front national plus de 80 000. Mais devenir marcheur ou insoumis ne demande qu’une poignée de secondes, quelques clics sur Internet et surtout… aucun paiement. « Ça n’a rien à voir. Pour LREM et LFI, il ne s’agit pas de militants mais de sympathisants. On ne devient pas militant en un clic sur Internet, ce n’est pas sérieux », peste Daniel Fasquelle, député et trésorier des Républicains.
« Quand vous adhérez à En marche, c’est pour être inscrit à la newsletter… Nos militants sont venus physiquement en section pour s’inscrire ou au moins nous ont remis un chèque », raille Rachid Temal, coordinateur national du Parti socialiste. Avec l’adhésion gratuite en quelques clics, LFI et LREM ont-ils fait évoluer les pratiques ? « En 2006, en amont de la primaire interne, le PS avait lancé les fameux adhérents à 20 € sur Internet. La possibilité technique existait donc déjà et le financement était d’ordre symbolique. Ce qui a changé aujourd’hui, c’est la mobilisation de ces adhérents », indique Anaïs Theviot, maître de conférences à l’université catholique de l’Ouest. « On cherche à trouver un statut intermédiaire entre le simple clic sur Internet comme chez En marche, et la carte d’adhérent… », a expliqué à 20 Minutes un membre du bureau politique des Républicains. « Je défends l’idée d’un statut de sympathisant à côté de celui de militant, qui serait ponctuellement consulté ou invité à des réunions. Mais seul celui qui a adhéré pourrait trancher sur la ligne politique du parti », confirme Daniel Fasquelle.