Le foot américain se joue sur le terrain de la tactique
Le foot US est l’un des sports les plus codifiés au monde
Le middle-linebacker et le quarterback dictent la tactique sur le terrain.
S i vous comprenez quelque chose au foot américain, c’est qu’on vous l’a mal expliqué. L’historien Henry Laurens ne nous en voudra pas d’avoir repris à notre sauce sa citation pour s’attaquer à un vrai problème : la tactique au foot US. Et, pour la comprendre, le temps presse. Dimanche soir, les Eagles de Philadelphie défient les Patriots de la Nouvelle-Angleterre, en finale du Super Bowl. « C’est le seul sport où chaque action est une attaque placée et, pour chacune d’elle, on va avoir une tactique écrite », prévient Paul Durand, quarterback et responsable sportif du club Flash de La Courneuve (Seine-Saint-Denis). Voici comment marche ce sport « PowerPoint ».
Le playbook. C’est la bible de chaque équipe. On y trouve les schémas de jeu avec leurs appellations. Elle est écrite et travaillée lors de la préparation de la saison. En NFL, le championnat américain, elle peut faire de 300 à 700 pages, avec plusieurs tactiques par pages pour les schémas les plus simples. Chaque joueur doit connaître le playbook sur le bout des doigts.
Le gameplan (ou call-sheet). C’est une immense feuille plastifiée que les entraîneurs se trimballent le long de la touche. Celle-ci contient une version simplifiée du playbook. A chaque situation de jeu sa réponse tactique, composée à l’avance avec les caractéristiques de l’adversaire. A titre d’exemple, si je suis en 2e tentative avec 5 yards à parcourir, je choisis parmi ma présélection de tactiques pour « 2es tentatives et moyenne distance » et j’opte pour la « X 25 Red » dont l’objectif est de créer une brèche suffisante pour offrir ces 5 yards à mon coureur par rapport aux points faibles de l’adversaire. Facile, non ?
L’appel. Entre deux jeux, le coach ou ses coordinateurs décident d’une tactique pour la prochaine action. Ils la transmettent par micro à leur meneur de jeu, le middle-linebacker, pour la défense et le quarterback pour l’attaque, équipés d’oreillettes. A eux de transmettre ladite tactique par des appels et des signaux à leurs dix coéquipiers. Et c’est là que la part d’improvistion intervient. « L’action dans son déroulé se passe rarement comme prévu, précise Paul Durand. C’est pour ça qu’il faut avoir une maîtrise de ses schémas et savoir faire preuve de créativité. » Une fois la première impression absconse passée, la magie opère.