20 Minutes (Montpellier)

Les années 1990 sur petit écran, c’est tendance

Les shows qui mettent en scène les années 1990 se multiplien­t

- Fabien Randanne

Cela va finir par arriver dans le monde des séries : les années 1980 vont devenir ringardes. De « Strangers Things » à « The Americans » en passant par « Dark », la décennie a été parcourue en long, en large et parfois de travers. Bienvenue donc dans les années 1990 ! Ryan Murphy a joué les éclaireurs avec ses « American Crime Story » retraçant l’affaire O. J. Simpson et l’assassinat de Gianni Versace à grand renfort de brushings d’époque. « The Looming Tower », sur Hulu depuis jeudi, aborde la période pré-11-Septembre, quand la CIA et le FBI se livraient à des batailles d’ego alors qu’Oussama Ben Laden représenta­it une menace grandissan­te. Voilà pour le versant historique.

Du côté des fictions portées sur l’intime, on peut compter sur « This Is Us » qui multiplie les incursions dans l’adolescenc­e de ses héros, à l’époque où Titanic cartonnait. Mais la première à jouer pleinement la carte nineties est « Everything Sucks! », disponible depuis mifévrier sur Netflix. Au fil des dix épisodes, on suit une bande de lycéens lancée dans le tournage d’un film bricolé entre deux histoires de coeur, en 1996. « La série raconte que les années 1990, c’était pas fun, souligne Renan Cros, journalist­e à Cinema Teaser. Elle parle de gamins qui n’ont pas beaucoup d’illusions et sont l’inverse des cool kids de “Stranger Things”. » Cette « génération désenchant­ée », prophétisé­e par Mylène Farmer dans son tube de 1991, serait-elle juste bonne à chanter que « plus rien n’a de sens et plus rien ne va »? Ce serait trop limité.

« L’action des séries est placée à l’époque de la naissance du public visé, elles jouent sur la nostalgie », notait l’analyste des médias François Jost auprès de 20 Minutes qui l’interrogea­it en 2013 sur… l’engouement des fictions pour les années 1980. Nulle raison que ce constat ne puisse s’appliquer aussi aux nineties. Que les personnage­s d’« Everything­s Sucks! » dissertent des paroles d’« Ironic » n’est pas anodin. « Dans l’écriture, la série s’adresse aux adultes. Je ne suis pas sûr que beaucoup d’ados sachent qui est Alanis Morissette », reprend Renan Cros. Et de nuancer : « Les plus jeunes peuvent néanmoins s’attacher aux personnage­s car les années 1990, c’est aussi un simple contexte. J’ai l’impression que cela représente par ailleurs un eldorado fictionnel dans lequel les protagonis­tes peuvent revenir à une forme d’innocence. Sans l’hyperconne­xion [aux smartphone­s, aux réseaux sociaux…], le romanesque revient. »

«“Everything Sucks!” parle de gamins qui n’ont pas beaucoup d’illusions.»

Renan cros, Cinema Teaser

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Sydney Sweeney (à g.) et Elijah Stevenson dans « Everything Sucks! ».

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