Il y a toujours des cours à la faculté
Dans l’amphi A, on cause démocratie participative. Dans un autre, de la mobilisation sociale en 1994 en Grande-Bretagne. A l’université Paul-Valéry, occupée pour protester contre les réformes du gouvernement, des professeurs se succèdent pour proposer des cours de substitution. Les étudiants, manifestants ou non, remplissent les salles, posent des questions, prennent des notes. Ici, il n’est pas question de suivre le programme dicté par les UFR, mais de proposer des cours, des ateliers ou des conférences, principalement sur les enjeux sociaux, les mutations de la société et l’histoire des luttes sociales. Mais pas seulement. On parle aussi de science-fiction, de jeux vidéo ou de littérature. « C’est intéressant, témoigne une étudiante en théâtre. Cela permet de voir autre chose, de sortir de ce que l’on nous propose dans nos formations. Et puis comme nous n’avons pas cours, cela permet de garder tout de même la tête dans les études. »
« Occupation active »
Dans l’université occupée, les professeurs proposent leurs thèmes d’interventions, qui grossissent le planning de ces cours alternatifs, affiché sur les portes des amphis. « Nous ne voulons pas que le campus se vide, il faut occuper la faculté, avec des cours, des projets. On ne peut pas dire “C’est bloqué, tout le monde à la maison !” », note Angela, professeur d’italien. Une autre se félicite de voir que les étudiants « sont demandeurs. Le blocage n’est pas un signe de désintérêt de l’université, au contraire. » Un maître de conférences en urbanisme se réjouit de cette « occupation active ». « Ce sont plutôt des discussions avec les étudiants que des cours. » Même s’il trouve le dispositif intéressant, Théo, étudiant en philosophie, « pas forcément pour le blocage », regrette que les sujets soient trop orientés : « C’est très extrême gauche. » Dans des amphis maquillés de slogans, ces cours se poursuivent. Certains planchent sur la création d’un département « autogéré », sur « la pensée critique », qui poursuivrait ce projet, une fois les barricades levées.