20 Minutes (Montpellier)

Une majorité de divisions

Le projet de loi, qui est débattu à partir de ce lundi à l’Assemblée, pourrait faire apparaître, pour la première fois, une fracture au sein des députés LREM.

- Hélène Sergent

Les inquiétude­s liées au projet de loi « asile et immigratio­n » ont gagné certains marcheurs « On ne fait jamais d’omelette sans casser des oeufs, et, s’il faut casser des oeufs, je le ferai ! » L’avertissem­ent, rapporté dans les colonnes du Monde, est signé du patron des députés LREM Richard Ferrand et s’adresse aux aspirants frondeurs. Il vient clore trois mois de discussion­s et de réunions organisées pour rallier tous les élus de la majorité derrière le projet de loi « asile et immigratio­n » cher au ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb.

« Aucun compromis »

Dès son ébauche dans le courant de l’été, le texte a suscité un tollé auprès des associatio­ns d’aide aux étrangers. La présentati­on de sa version définitive en Conseil des ministres a, elle, provoqué une grève rarissime des agents de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) et des agents de la Cour nationale du droit d’asile (CNDA). Des inquiétude­s qui se sont, petit à petit, insinuées dans l’esprit de certains députés, y compris chez les « marcheurs ». Ce lundi, le texte arrive donc à l’Assemblée nationale dans un contexte tendu et devrait susciter d’âpres débats. « Très peu d’amendement­s ont été intégrés, et même ceux déposés par les députés LREM ont été majoritair­ement retoqués, indique le député de Seine-Saint-Denis Stéphane Peu (Gauche démocrate et républicai­ne). Maintenant, le président du groupe menace d’exclure ceux qui persistera­ient dans l’hémicycle… » Comme lui, l’élu LFI Ugo Bernalicis se fait peu d’illusion sur la teneur des discussion­s qui doivent s’engager ce lundi. « Il n’y a eu aucun compromis avec qui que ce soit au sortir de la commission. » Responsabl­e des commission­s et des actions à la Cimade, Sarah Belaisch nuance : « Il y a eu des concession­s, mais elles sont marginales. » A quelques heures des débats, les députés LREM opposés à la philosophi­e même du texte suivront-ils les consignes communiqué­es par Richard Ferrand ? Pour Coralie Dubost, l’opposition au sein du parti peut s’exprimer, si elle reste approuvée par la majorité : « Certains apportent de la justesse, d’autres viennent s’opposer pour s’opposer. Ce que l’on craint, c’est l’hystérisat­ion du débat. » La teneur des débats en commission n’augure rien d’encouragea­nt, selon Ugo Bernalicis : « On a tendu la main à tous les élus (MoDem, communiste­s, socialiste­s ou LREM) qui ont déposé des amendement­s proches des nôtres pour cosigner. Ceux de la majorité n’ont pas souhaité le faire en nous expliquant que, s’ils faisaient ça, c’était fini pour eux. Alors que, au fond, ils sont opposés à l’essentiel de cette réforme. Jusqu’où iront-ils lors du vote définitif [qui doit intervenir fin avril] ? »

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A Paris, 3 avril.
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Gérard Collomb lors des questions au gouverneme­nt le 11 avril.

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