20 Minutes (Montpellier)

Les cheminots veulent durcir le mouvement

Quelques centaines d’agents SNCF ont défilé, lundi à Paris, contre la réforme ferroviair­e, et ont affiché leur déterminat­ion

- Nicolas Raffin

Le sursaut de mobilisati­on des cheminots contre la réforme ferroviair­e n’était pas visible dans la rue, lundi. Alors que 27,5 % des agents SNCF étaient en grève (presque deux fois plus que la semaine dernière), le cortège parisien qui a défilé de gare de l’Est à République a rassemblé seulement quelques centaines de personnes. « On est un peu déçu parce qu’on voudrait que tous les salariés de l’entreprise soient dans la rue, reconnaît Jean-François, cheminot depuis trente-quatre ans. Tout le monde devrait se bouger, mais certains sont coincés, parce qu’ils ont des crédits à rembourser. » L’aspect financier de la mobilisati­on joue évidemment, les jours de grève n’étant pas payés. «Tenir un mouvement pendant trois mois, ce n’est pas évident », poursuit Sandra, agente de circulatio­n. Elle essaie de faire grève « au moins deux jours par mois ».

«Il faudra durcir les choses»

Malgré ces blocages majoritair­ement financiers, les cheminots rencontrés dans le cortège affichent aussi leur déterminat­ion. Beaucoup saluent l’idée de la grande consultati­on lancée lundi par les syndicats, qui invitent les salariés de la SNCF à voter pour ou contre le projet de réforme. « Si ça peut conduire au même résultat qu’à Air France [le PDG JeanMarc Janaillac, qui avait lancé un vote, avait démissionn­é après avoir été désavoué par les salariés], ce sera une petite victoire», s’enthousias­me Romain. Pour Stéphane Sirot, historien et spécialist­e des mouvements sociaux, « cette arme de la consultati­on est à double tranchant. D’un côté, elle sous-entend que les syndicats ne sont pas aussi représenta­tifs qu’ils le prétendent, et qu’ils sont obligés d’y avoir recours. De l’autre, c’est une manière de relancer le mouvement et de lui donner une nouvelle légitimité, en montrant qu’il est aussi soutenu par les non-grévistes. » En attendant le résultat de la consultati­on, la réforme de la SNCF poursuit sa route. Déjà adopté par l’Assemblée nationale, le texte de la réforme sera discuté au Sénat à partir du 23 mai. D’ici là, le Premier ministre, Edouard Philippe, devrait en dire un peu plus sur la reprise de la dette de la SNCF, un point sur lequel l’exécutif est resté très flou jusqu’à présent. Une manière de rassurer les syndicats et peut-être de les amadouer, juste avant la manifestat­ion de la fonction publique prévue le 22 mai, à laquelle les cheminots ont prévu de se greffer. Pour les manifestan­ts présents lundi, il est en tout cas hors de question de lâcher l’affaire. « Je pense même que, à un moment donné, il faudra durcir les choses, empêcher tous les trains de rouler », conclut Jean-François.

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Le cortège parisien a défilé, lundi, de gare de l’Est à République.

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