Football Jean-Pierre Papin et la finale «truquée» par l’OM en 1993
Avant celle de Ligue Europa, mercredi, retour sur les finales européennes de l’OM (2/3)
On ne saura sans doute jamais ce qui est passé par la tête de Jean-Pierre Papin, le 7 août 1995 à Berlin. A l’heure du déjeuner, JPP tombe sur des journalistes italiens côtoyés à Milan. Dans un article paru le surlendemain dans
Libération, Olivier Villepreux, présent dans ce groupe, retranscrit ce qui est sorti de la bouche de Papin : « Tapie ne parlera pas de la finale, on lui trancherait la gorge. Les Marseillais sont trop orgueilleux. Ils ont gagné contre le grand Milan, s’ils devaient en plus apprendre que ce match était truqué…» Le match en question? La finale de la Coupe d’Europe des clubs champions, que l’OM a gagnée en 1993 face au Milan AC, club que Papin avait rejoint à l’été 1992 en provenance de… Marseille. Abasourdis par ce qu’ils entendent, les Italiens secouent l’arbre à friandises : «Tu penses quand même pas qu’un joueur de Milan ait pu être acheté?» Papin répond sans hésiter : «Pas un, mais deux joueurs.» Mise au courant de la publication prochaine de ces déclarations, l’agence Ansa contacte JPP, qui nie en bloc et évoque «une manipulation». «J’ai parlé en toute amitié et cela me retombe dessus. J’ai juste confirmé l’existence de rumeurs qui circulaient à Marseille.» Vingt ans plus tard, Villepreux se rappelle : « Je discutais avec les journalistes italiens et Papin s’est installé. Ce n’était pas une interview, c’était une discussion de hall. Je confirme mot pour mot ce qu’il a dit. » Dans les jours qui suivent, Papin en prend pour son grade. «Ça avait surpris énormément de monde à Marseille, se rappelle Gilles Castagno, historien de l’OM. Papin était considéré comme un immense joueur, mais aussi comme un enfant, un peu idiot. Ce n’était pas une grosse surprise qu’il raconte n’importe quoi. » Membre de l’OM en 1993, Jean-Philippe Durand réagit dans la foulée : «Cette histoire est impossible, mais elle fait du mal, parce qu’elle fait surgir des doutes. » Desailly, en privé, dézingue son ex-coéquipier. Noël Le Graët, alors président de la Ligue, dédramatise : « Il est difficile de croire que deux joueurs de Milan aient pu être corrompus. » L’histoire finit par se tasser. « Le public marseillais en a voulu à Papin pendant un moment, surtout qu’on parlait beaucoup de corruption, avec le procès VA-OM, poursuit Castagno. Mais il a fait son jubilé à Marseille en 1999 et le stade était derrière lui.»
« Papin était aussi considéré comme un peu idiot. » L’historien Gilles Castagno