20 Minutes (Montpellier)

« Je ne regarde plus les luttes sociales de la même façon depuis le tournage d’‘‘En guerre’’ », assure Vincent Lindon

Dans «En guerre», présenté en compétitio­n mardi, Vincent Lindon incarne un leader syndicalis­te en colère

- De notre envoyé spécial à Cannes, Stéphane Leblanc

C’est un film qui exprime une colère. En guerre, présenté mardi en compétitio­n à Cannes et en salles ce mercredi, porte bien son titre. Le nouveau film de Stéphane Brizé, avec Vincent Lindon dans le rôle principal d’un leader syndicalis­te entouré d’acteurs non profession­nels, relate le combat de salariés contre la fermeture de leur entreprise.

On vous a rarement vu à ce point en colère, pourquoi maintenant ?

Pendant des années, on m’a dit : « Quand est-ce que tu vas jouer un personnage au cinéma comme tu es dans la vie, quelqu’un qui sort de ses gonds, qui peut être de mauvaise foi mais qui essaie de fédérer ? » Alors, quand j’ai vu ce rôle arriver, l’occasion était trop belle.

De quoi vous êtes-vous nourri pour être aussi crédible ?

Ma méthode repose sur le fantasme que je me fais de ce que je serais si j’étais ce personnage. Ce n’était pas difficile : comme lui, j’aime ce qui est dur à obtenir, j’aime l’action, la bagarre. Sinon, je lis beaucoup les journaux, j’ai regardé beaucoup de documentai­res, j’ai discuté avec les acteurs non profession­nels ou avec Xavier Mathieu [un ancien leader syndicalis­te de Continenta­l] qui regardait toutes les prises. Il était mon confident pendant le tournage.

Ce tournage a-t-il changé votre regard sur ces luttes sociales ?

Je ne les regarde plus du tout de la même façon. Quand j’en vois le condensé à la télé, je sais tout ce qu’il a pu y avoir avant : les discussion­s, les esclandres, les embrassade­s. A un moment du film, il y a un piquet de grève avant que les CRS chargent à 6 h du matin. Stéphane nous a filmés pendant six heures de suite, la nuit. A la longue, on avait oublié qu’on était filmé. J’ai adoré ce tournage pour ses moments inouïs de rapprochem­ent et de fraternité.

Le jour de la présentati­on à Cannes, je suppose que vous ne pensez pas à un éventuel nouveau prix d’interpréta­tion ?

Ben si, pourquoi pas? Ce n’est pas parce que c’est arrivé une fois que ça ne va pas arriver une seconde fois. Ne m’enlevez pas la possibilit­é de recevoir un nouveau prix. Comme disent les jeunes, j’ai le droit de kiffer !

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Le tournage a changé le regard de l’acteur sur les luttes sociales.

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