20 Minutes (Montpellier)

Face au rythme trop soutenu des réformes examinées à l’Assemblée, les députés, épuisés, se font entendre

Des parlementa­ires s’élèvent contre le rythme effréné des réformes examinées à l’Assemblée : il les ferait mal légiférer

- Thibaut Le Gal

Ils n’en peuvent plus. Plusieurs députés ont protesté face au rythme effréné des débats à l’Assemblée nationale. Fin avril, le projet de loi asile-immigratio­n s’est achevé après sept jours et nuits de débats ininterrom­pus. D’autres discussion­s, sur l’agricultur­e, puis le logement, ont contraint les élus à siéger deux week-ends d’affilée. Une première au Palais-Bourbon. « Quand on siège pendant dix-sept jours en continu, quatre-vingts heures en une semaine, on ne peut faire du travail de bonne qualité », dénonce Boris Vallaud, porte-parole du groupe Nouvelle Gauche. Pour Ludovic Pajot, député Rassemblem­ent national du Pas-de-Calais, « c’est fait exprès. Sur le glyphosate, il a été décidé d’en débattre à 1h du matin pour essayer de cacher un peu les tensions de la majorité. » « Que le rythme de travail des députés soit soutenu, c’est normal, avance Damien Abad, député et vice-président de LR. Mais il y a un vrai sujet sur la désorganis­ation des débats. Pendant deux mois, on n’a eu aucun texte, donc des semaines très courtes. Et là, on est dans un tunnel. Cela montre l’amateurism­e de la majorité. » Et d’ajouter : « Je suis contre les séances de nuit et de week-end, car on y légifère mal, et certains [élus] sont dans leur circonscri­ption. Sans compter que ces séances ont un coût pour le contribuab­le. »

Une grève dans l’air ?

Dans la majorité, on tente de nuancer : « On travaille beaucoup ces derniers temps, mais on est là pour ça. On avait promis pendant la campagne de lancer des cycles de réformes importants. Travailler vingt-quatre heures de suite, je sais ce que c’est en tant qu’ancien urgentiste, et ça ne me pose pas de problème », répond Thomas Mesnier (LREM). Face à la gronde, François de Rugy (LREM) a proposé que l’Assemblée ne siège plus le week-end et demandé mardi au gouverneme­nt de «mettre de l’ordre dans l’ordre du jour». «Ce n’est pas un fonctionne­ment normal», a-t-il développé mercredi sur FranceInfo, appelant aussi les députés à ne pas tomber « dans une autocarica­ture » en multiplian­t les amendement­s. « Monsieur de Rugy est un hypocrite ! Il vient faire le malin sur les plateaux en faisant croire qu’il a râlé auprès de l’exécutif… Mais qui décide de nous faire siéger, si ce n’est lui et le gouverneme­nt ? s’agace le député insoumis Ugo Bernalicis. La réalité, c’est que le personnel n’en peut plus, et que l’idée d’une grève circule. Voilà pourquoi il a changé de braquet.» Réponse du porte-parole du gouverneme­nt, Benjamin Griveaux : « C’est une très bonne nouvelle que les députés travaillen­t beaucoup. »

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Séance de questions d’actualité au gouverneme­nt le 23 mai.

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