20 Minutes (Montpellier)

Du changement, et vite, pour relancer le tennis français

Le tournoi a été une catastroph­e pour les joueurs français

- Aymeric Le Gall

On ne s’attendait à rien, mais on est quand même déçu. Plus que de la terre battue, un champ de bataille. Plus qu’une contre-performanc­e, une hécatombe. Pour la première fois depuis onze ans, aucun Français n’a atteint la deuxième semaine de compétitio­n. « Ça ne peut pas être pire, ironise Henri Leconte. Ça fait des années que je dis : “Attention”.» Avec le vainqueur de la Coupe Davis en 1991 et l’ex-joueuse Sarah Pitkowski, on vous dit comment changer tout ça.

S’inspirer de ce qui se fait de mieux ailleurs. « Il faut aller voir à l’étranger, chez Nadal, en Serbie, indique Henri Leconte. Il y a énormément de jeunes qui arrivent sur le circuit avec une mentalité, une déterminat­ion, que nous n’avons pas. Il faut arrêter de se regarder le nombril.» Former nos joueurs sur terre battue. «Dans notre fonctionne­ment, il y a des paradoxes : cette fameuse terre battue, avec Roland-Garros, qui est un miroir grossissan­t et déformant, explique Sarah Pitkowski. On ne joue que deux mois et demi sur cette surface. Si on veut que les Français soient bons sur terre battue, il faut les former sur terre battue.» V Faire le ménage dans les instances. «Il faut prendre des bonnes décisions, il y a des gens qui sont là depuis trente ans, qu’il faut changer, analyse Henri Leconte. Ou alors, il faut qu’ils changent de mentalité.»

Redonner aux joueurs l’envie de se faire mal. «Il faut avoir envie de jouer, de souffrir, de travailler, assure Sarah Pitkowski. Le goût de l’effort, ce n’est pas quelque chose d’évident aujourd’hui. Il faut avoir envie d’aller au bout de soi-même, c’est une culture qu’on doit retrouver. » Faire évoluer la palette de jeu. «C’est aussi aux joueurs de trouver les solutions, affirme Henri Leconte. Il faut que Lucas [Pouille] évolue dans son jeu. Il n’a qu’une seule façon de jouer au tennis. Dès qu’un joueur le pousse dans ses retranchem­ents, il ne sait plus comment faire. Nous, on joue toujours pareil, on n’évolue pas…»

Avoir un peu de temps. « On a tous les ingrédient­s pour amener les jeunes au plus haut niveau, mais il ne faut pas qu’on brûle les étapes, conclut Sarah Pitkowski. Une chose est sûre, il faut dix ans pour former un très grand joueur. Donc, on le sait, on va avoir une période creuse dans les années à venir et il ne faut surtout pas se rater quand on va former les jeunes qui arrivent.»

«Le goût de l’effort, ce n’est pas quelque chose d’évident aujourd’hui. » Sarah Pitkowski

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 ??  ?? A l’image de Lucas Pouille et Kristina Mladenovic, éliminés avant même la deuxième semaine, les Français ont été très décevants à Roland-Garros.
A l’image de Lucas Pouille et Kristina Mladenovic, éliminés avant même la deuxième semaine, les Français ont été très décevants à Roland-Garros.
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