«Tout seul, le requin gris n’arrive à rien»
Depuis cinq ans, une équipe de scientifiques et plongeurs pilotée par le biologiste marin Laurent Ballesta arpente la passe sud de Fakarava, au milieu du Pacifique. Dans cette brèche, ils ont découvert 700 requins gris. Le documentaire 700 requins dans la nuit, disponible sur Arte.tv ce jeudi et diffusé sur Arte samedi à 20 h 50, retrace cette expédition.
Les collisions sont-elles inévitables lorsqu’on nage au milieu d’une telle concentration de requins ?
Lorsque vous tentez de voir ce qui se passe à l’intérieur des meutes, vous vous faites bousculer. Nous avons récolté des hématomes et des points de suture à deux reprises, mais quasiment jamais de morsures.
En quoi cette passe de Fakarava est-elle unique ?
Un poisson doit coloniser de nouveaux espaces, il faut qu’il parvienne alors à disperser sa progéniture. Les passes, traversées par des courants, sont des endroits rêvés pour ça. Des poissons viennent donc s’y concentrer en masse pour pondre. Ces attroupements attirent les requins de récif comme le requin gris. Mais jamais jusqu’à 700.
Pourquoi chassent-ils en groupe ?
Pour améliorer leurs chances de prises. Tout seul, le requin gris n’arrive à rien. En groupe, les requins peuvent encercler leur proie.
Pensez-vous que ces chasses en horde puissent exister ailleurs ?
Nous ne connaissons pas de concentrations aussi importantes de requins gris que celle observée dans la passe de Fakarava. Mais il n’est pas impossible d’en trouver d’autres un jour.
Propos recueillis par Fabrice Pouliquen