20 Minutes (Montpellier)

Le squat des archives est en sursis

Justice Le bâtiment des Beaux-Arts est occupé depuis 2016 par le collectif Luttopia

- Nicolas Bonzom

Depuis 2016, les anciennes archives départemen­tales sont squattées. Investi par le collectif Luttopia, ce vaste bâtiment des Beaux-Arts, abandonné en 2010, puis racheté par la ville en 2013, abriterait 150 personnes, dont 15 familles et une trentaine d’enfants, dans des chambres aménagées, avec des sanitaires. Impossible alors, pour la mairie de Montpellie­r, d’y acheminer ses archives. de la métropole qui prévoit de lancer en septembre les travaux d’un projet immobilier sur l’actuel squat, la justice doit sans tarder se prononcer pour l’expulsion des squatteurs. « Il y a urgence, en raison du calendrier des travaux. Ce sont des occupants sans droit ni titre », confie la représenta­nte de la municipali­té, évoquant « un choix de vie » pour ceux qui demeurent ici. « Rien ne permet de démontrer que des recherches de logements sont faites. » Mais pour Gwen Lasne, cofondatri­ce de Luttopia, ceux qui vivent là « n’ont pas fait le choix délibéré de vivre dans un habitat alternatif. Ce sont des personnes qui ont subi la rue. » « Dans un monde idéal, il n’y aurait aucun squat, chacun aurait accès à un hébergemen­t d’urgence. Malheureus­ement, nous ne vivons pas dans ce monde-là », a plaidé Nicolas Gallon, l’avocat du collectif, pointant le manque de toits pour les sans-abri. « Le collectif a pris l’initiative d’apporter une solution à ces personnes en leur offrant un lit, des repas, et un accompagne­ment social. Les associatio­ns orientent aujourd’hui certaines personnes vers ce lieu. Une expulsion sèche aurait des conséquenc­es graves. » L’avocat note que les squatteurs ne posent « aucune difficulté » et qu’il n’y a eu aucune plainte au commissari­at, hormis des courriers de voisins mécontents. Mais l’argument massue des défenseurs de Luttopia, c’est ce revirement de situation, le 4 avril. Le maire Philippe Saurel (divers gauche) annonçait l’abandon du déménageme­nt des archives vers les Beaux-Arts, et la constructi­on d’un nouveau bâtiment sur la Zac de la République. « L’argument principal qui justifiait l’expulsion n’existe plus », note Nicolas Gallon. « Il n’y a pas d’abandon, mais une nécessité politique et économique de prendre ses responsabi­lités », a indiqué l’avocate de la commune. A la place, le maire a prévu d’ériger des « logements sociaux et abordables », avait-il indiqué. La décision de justice sera rendue le 12 juillet.

« Ceux qui vivent là sont des personnes qui ont subi la rue. »

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Le squat de Luttopia, dans les anciennes archives départemen­tales.

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