De nombreux doutes subsistent au Royaume-Uni
Les négociations avancent, mais certains doutent qu’un accord soit trouvé avant l’échéance du 31 mars 2019
L’horloge du Brexit tourne, et pour l’instant il est toujours impossible de dire ce qui se passera à la date fatidique du 31 mars 2019. Alors que le magazine « Avenue de l’Europe » consacre un numéro au sujet ce mercredi à 23 h 20 sur France 3, 20 Minutes résume la situation et les enjeux. « Ce n’est pas faux de dire, comme Michel Barnier [chargé des négociations pour l’UE], que “80 %” de l’accord est bouclé, explique Christian Lequesne, professeur à Sciences Po et spécialiste de l’Union européenne. Le problème, c’est que les “20 %” restants sont loin d’être réglés. » Ce qui coince ? La Première ministre britannique Theresa May souhaite la création d’une nouvelle «zone de libre-échange » avec l’UE, limitée aux biens et au secteur agro-alimentaire. Mais Bruxelles est très attaché à l’indivisibilité des quatre libertés de circulation (marchandises, capitaux, services, personnes).
La question irlandaise
Les discussions achoppent aussi sur la question irlandaise : l’Irlande du Nord, rattachée à Londres, partage l’île avec l’Irlande, indépendante et membre de l’UE. Et « personne n’a intérêt à un retour d’une frontière dans une zone marquée par des années de conflit », rappelle Philippe Marlière, professeur de sciences politiques au University College de Londres. Alors, l’accord sera-t-il prêt fin mars ? Pour Philippe Marlière, « plus personne ne croit » à une négociation facile : « Le gouvernement commence même à imaginer une situation d’urgence où il n’y aurait pas d’accord. Dans ce cas, la libre circulation des produits s’arrêterait, avec un risque de pénuries. » Un scénario qui ne convainc pas Olivier Marty, enseignant en questions européennes à Sciences Po. « Le Royaume-Uni dépend du marché unique pour son commerce extérieur, observe-t-il. Et pour les Etats européens, il est important de continuer à accéder au marché britannique de l’automobile ou de l’énergie. Aussi, la mécanique européenne aboutit le plus souvent à des accords, fussent-ils boiteux.»