Fermes sur le carbone
Des éleveurs laitiers ont réussi à réduire les émissions de gaz à effet de serre de leur production. Une démarche défendue par la filière, mais qui reste cependant rare.
Réduire de 20% les émissions de gaz à effet de serre des 58 000 élevages laitiers d’ici à 2025. Tel est l’engagement pris par la filière laitière française dans la feuille de route rappelée dans le cadre du Space, salon international de l’élevage, qui se tient à Rennes. A ce jour, l’agriculture génère 19 % des émissions de gaz à effet de serre. « L’élevage laitier en représente à lui seul 6 % », précise Thierry Geslain, directeur des affaires scientifiques au Centre interprofessionnel de l’économie laitière (Cniel).
La moitié des émissions de gaz à effet de serre émises par les fermes laitières proviennent de la fermentation entérique (rots, pets) des vaches. Difficile d’avoir une prise sur ce phénomène naturel.Mais il reste tous les autres postes d’émissions sur lesquels intervenir. Pour ce faire, la filière laitière mise sur la démarche « Ferme laitière bas carbone ». « Un technicien formé détermine l’empreinte carbone de la ferme », précise Ghislain de Viron, l’un des premiers éleveurs à s’être engagé dans cette démarche. Ainsi, les émissions de gaz à effet de serre de la ferme et sa contribution positive au stockage du carbone dans le sol, via le maintien de prairies et de haies, sont définies. Le tout donne un chiffre, ramené au litre de lait vendu.
Pour améliorer l’empreinte carbone de sa ferme, Ghislain de Viron devait réduire le nombre de jours improductifs de ses 110 vaches. « C’est-à-dire le laps de temps où elles ne produisent pas de lait en émettant malgré tout la même quantité de méthane, explique-t-il. Cela passe par une plus grande attention portée au soin, pour éviter qu’elles ne tombent malades. » L’éleveur sarthois s’est également mis à cultiver de l’épeautre, une céréale qu’il ajoute à la ration alimentaire de ses vaches et qu’il faisait venir auparavant de Belgique. Il a aussi amélioré la récupération et le stockage du lisier que génère son troupeau. Il les utilise ensuite comme engrais naturel. Enfin, il a augmenté depuis 2007 le nombre de mètres carrés de panneaux photovoltaïques sur ses hangars agricoles. Voilà pour le plan d’action de Ghislain de Viron, qui assure ne pas détenir de recette miracle. « Tout dépend des caractéristiques de l’exploitation, de la région où elle se trouve », prévient-il. A ce jour, 4 000 éleveurs ont adopté la « Ferme laitière bas carbone », avec une baisse moyenne de 6 % de l’empreinte carbone. Le but est désormais d’étendre la démarche aux 54 000 autres exploitations laitières.
« Tout dépend des caractéristiques de l’exploitation, de la région où elle se trouve. » Ghislain de Viron, éleveur