Maracineanu ne rassure pas le patron du judo
Le président de la Fédération française de judo Jean-Luc Rougé réagit aux propositions de l’Etat
Après la polémique au sujet de la suppression de 1 600 postes de conseillers techniques sportifs d’ici à 2022, la nouvelle ministre des Sports, Roxana Maracineanu a tenté d’éteindre l’incendie en expliquant que c’était leur statut qui allait devoir évoluer. Une précision qui ne rassure pas pour autant Jean-Luc Rougé, président de la Fédération française de judo.
Etes-vous rassuré par les propos de la ministre des Sports, qui a précisé que les conseillers techniques sportifs (CTS) ne seraient pas supprimés mais qu’ils allaient devoir changer de statut ?
Pas du tout. Ce qu’ont dit le Premier ministre et la ministre des Sports a simplement servi à rassurer. Ils l’ont
« Travailler sur un modèle économique nouveau, j’y suis très favorable. »
fait d’une façon politique très habile. Quand on a un peu d’expérience, on sait que ça veut rien dire. Il reste encore des questions en suspens. Pour moi, cette annonce est largement insuffisante, il faut rester vigilant.
Derrière ce changement de statut des CTS, Il y a une réalité : un désengagement financier de l’Etat dans les questions sportives…
Oui. Ce qu’on nous dit, c’est qu’on ne les supprime pas, mais qu’on ne les paie plus ! Qui c’est qui les paie, alors ? Les collectivités territoriales ? Je ne suis pas sûr qu’elles disent oui dans l’état où sont leurs finances. Les fédérations ? Ça me semble également compliqué.
Quel serait l’impact réel sur une fédération comme la vôtre si elle devait rémunérer ses CTS à l’avenir ?
Aujourd’hui, c’est difficile d’aller aussi loin et de dire quoi que ce soit à ce sujet, puisque l’annonce du gouvernement a, encore une fois, simplement servi à éteindre l’incendie. Mais ce n’est en rien un engagement de l’Etat. Et que nous dit-il, par ailleurs? Qu’il va falloir réduire la voilure. Bon, je trouve ça plutôt inquiétant. Ce qui est important, c’est la gestion et le modèle économique des fédérations. Je pense qu’on est capable, et c’est ce qu’on fait déjà à la fédé de judo, de générer des fonds privés. Travailler sur un modèle économique nouveau, développer des recettes privées, j’y suis très favorable. Que les fédérations travaillent en regroupement, de manière à avoir des choses en commun, à rationaliser la gestion de l’administratif, par exemple, ce serait une véritable avancée. Mais là, ne faire que prôner des économies et faire des coupes sombres dans des budgets sans même prévoir quelque chose pour les remplacer, ça me paraît inconséquent comme décision. Essayons de construire, pas de détruire.