20 Minutes (Montpellier)

Maracinean­u ne rassure pas le patron du judo

Le président de la Fédération française de judo Jean-Luc Rougé réagit aux propositio­ns de l’Etat

- Propos recueillis par Aymeric Le Gall

Après la polémique au sujet de la suppressio­n de 1 600 postes de conseiller­s techniques sportifs d’ici à 2022, la nouvelle ministre des Sports, Roxana Maracinean­u a tenté d’éteindre l’incendie en expliquant que c’était leur statut qui allait devoir évoluer. Une précision qui ne rassure pas pour autant Jean-Luc Rougé, président de la Fédération française de judo.

Etes-vous rassuré par les propos de la ministre des Sports, qui a précisé que les conseiller­s techniques sportifs (CTS) ne seraient pas supprimés mais qu’ils allaient devoir changer de statut ?

Pas du tout. Ce qu’ont dit le Premier ministre et la ministre des Sports a simplement servi à rassurer. Ils l’ont

« Travailler sur un modèle économique nouveau, j’y suis très favorable. »

fait d’une façon politique très habile. Quand on a un peu d’expérience, on sait que ça veut rien dire. Il reste encore des questions en suspens. Pour moi, cette annonce est largement insuffisan­te, il faut rester vigilant.

Derrière ce changement de statut des CTS, Il y a une réalité : un désengagem­ent financier de l’Etat dans les questions sportives…

Oui. Ce qu’on nous dit, c’est qu’on ne les supprime pas, mais qu’on ne les paie plus ! Qui c’est qui les paie, alors ? Les collectivi­tés territoria­les ? Je ne suis pas sûr qu’elles disent oui dans l’état où sont leurs finances. Les fédération­s ? Ça me semble également compliqué.

Quel serait l’impact réel sur une fédération comme la vôtre si elle devait rémunérer ses CTS à l’avenir ?

Aujourd’hui, c’est difficile d’aller aussi loin et de dire quoi que ce soit à ce sujet, puisque l’annonce du gouverneme­nt a, encore une fois, simplement servi à éteindre l’incendie. Mais ce n’est en rien un engagement de l’Etat. Et que nous dit-il, par ailleurs? Qu’il va falloir réduire la voilure. Bon, je trouve ça plutôt inquiétant. Ce qui est important, c’est la gestion et le modèle économique des fédération­s. Je pense qu’on est capable, et c’est ce qu’on fait déjà à la fédé de judo, de générer des fonds privés. Travailler sur un modèle économique nouveau, développer des recettes privées, j’y suis très favorable. Que les fédération­s travaillen­t en regroupeme­nt, de manière à avoir des choses en commun, à rationalis­er la gestion de l’administra­tif, par exemple, ce serait une véritable avancée. Mais là, ne faire que prôner des économies et faire des coupes sombres dans des budgets sans même prévoir quelque chose pour les remplacer, ça me paraît inconséque­nt comme décision. Essayons de construire, pas de détruire.

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Jean-Luc Rougé n’est pas rassuré par les précisions apportées par Matignon.

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