20 Minutes (Montpellier)

« Okko » c’est beau !

Animation Le Japonais Kitarô Kôsaka signe «Okko et les fantômes», une fable qui traite du deuil avec grâce et élégance

- Caroline Vié

Présenté au festival d’Annecy, Okko et les fantômes fait partie de ces films qui donnent envie de foncer prendre un billet pour le Japon. Kitarô Kôsaka, ex-animateur aux studios Ghibli, collaborat­eur de Hayao Miyazaki pour Le vent se lève notamment, signe une première réalisatio­n délicieuse autour d’une jeune orpheline tentant de faire le deuil de ses parents dans l’auberge de sa grand-mère. « Okko croise de nombreux spectres parmi les clients de l’hôtel qui, malgré leur condition, sont plus vivants qu’elle », explique le réalisateu­r à 20 Minutes. Cette nouvelle sortie du distribute­ur Eurozoom est digne de Miss Hokusai ou Your Name. La beauté des images est tout autant au rendez-vous que la qualité d’un scénario dans lequel une gamine retrouve goût à la vie entourée de spectres bienveilla­nts.

L’emprise des sens

Portant à l’écran l’oeuvre de Hiroko Reijo, Kitarô Kôsaka a centré son récit sur les détails de la vie ordinaire. «Okko a perdu toute envie après le décès de ses parents qu’elle refuse d’accepter, raconte le réalisateu­r. Elle se réfugie dans le travail quotidien et finit par retrouver du réconfort en apprenant à se consacrer aux autres et à les rendre heureux.» Un petit garçon fantôme aide ainsi la fillette à apprécier ses nouvelles fonctions au service d’une clientèle soucieuse de confort comme de bonne chère, remède idéal contre le vague à l’âme.

Les amateurs de cuisine japonaise auront d’ailleurs l’eau à la bouche devant les petits plats que l’héroïne apporte aux visiteurs. « Les fantômes partagent ces friandises qu’il fallait rendre appétissan­tes, ce qui n’est pas évident en dessin », explique Kitarô Kôsaka. Le retour à la vie de la gamine passe ainsi par la gastronomi­e, tandis qu’elle s’initie à l’art du service et de la cuisine. Sentiments et sensations sont exacerbés. « Les sens prennent une importance capitale dans le récit parce que les fantômes les perdent au fur et à mesure qu’Okko les reconquier­t », insiste le réalisateu­r. Le monde des vivants et celui des morts s’entremêlen­t pour livrer une fable sur le deuil et sa guérison, des thèmes graves que Kitarô Kôsaka traite avec une élégance qui n’exclut pas l’émotion. Okko et les fantômes communique un besoin revigorant de profiter de l’existence. On crie « oiishi » (« délicieux ») avec les héros !

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La jeune orpheline Okko tente de retrouver goût à la vie.

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