Hugo, jeune cycliste militant, témoigne des insultes et des menaces dont il a été victime sur Twitter
Cyberharcèlement Une seule vidéo postée sur Twitter a suffi pour transformer en cauchemar les jours et nuits de Hugo, un jeune cycliste
« En mars, j’étais à Paris avec mon ami @50_euros, le plus connu des militants cyclistes, raconte Hugo, victime de cyberharcèlement. Un livreur roule sur la voie. On le bloque pour lui expliquer que c’est dangereux, mais il porte des écouteurs, il n’entend rien. Lorsqu’il redémarre, mon vélo est entraîné avec lui et, comme il pense que je le bloque volontairement, il me donne un coup au visage. Le soir, on poste la vidéo sur Twitter.
Mon erreur, c’est de mettre un petit coup de pression : “On a ta plaque et le nom de ton employeur, tu vas devoir tirer les conséquences de tes actes.” Au début, la vidéo est retweetée normalement, avec les commentaires habituels : “Bravo les gars.” Au fil des heures, je commence à recevoir des messages d’insultes. Plusieurs communautés très actives, antiféministes, anti-Social justice warrior [contre les défenseurs engagés des causes sociales) me retweetent. Pour elles, le coup est mérité. Je reçois des menaces de mort. Jeuxvideo.com et Fdesouche ouvrent des forums. J’ai des blagues sur mon physique. Les messages “fils de bourge” quand je vois ma mère galérer pour payer ses fins de mois, ça fait mal… Certains ont envoyé des mails là où je faisais un stage pour que je me fasse virer. C’est retombé au bout d’un mois. Mais j’ai fait des cauchemars. J’étais en PLS [prostré] dans mon lit. Après, j’ai eu l’effet inverse, pervers : je regardais sur les réseaux quand j’étais en privé pour savoir s’ils étaient encore sur mon histoire. Pour être honnête, le suicide m’a traversé l’esprit, mais je me suis dit : “Je ne vais pas me suicider pour ça, ce sont des guignols sur Internet.” Le but de ces gens-là, c’est de réduire au silence les personnes qui ont un point de vue différent. J’ai porté plainte contre celui qui a envoyé des dizaines de menaces de mort, mais son compte est anonyme. Je n’ai pas de nouvelles de la police pour le moment. »
« Certains ont envoyé des mails là où je faisais mon stage pour que je me fasse virer. »