«Enora Malagré avait le rôle de la blonde qui devait fulminer »
Analyste des médias Virginie Spies observe que certaines émissions attribuent des étiquettes à leurs collaborateurs
La télé, ce n’est rien que du cinéma ? Invitée samedi dans « On n’est pas couché » (« ONPC »), Enora Malagré a fait une drôle de révélation. « Je n’étais pas forcément ce pitbull qu’on a pu voir, confesse l’ancienne chroniquese de Touche pas à mon poste (« TPMP »). C’était mon personnage télévisuel. » Mais alors, la télé ne serait-elle qu’une grande scène avec sa large palette de personnages ? Virginie Spies, analyste des médias et auteure de la chaîne YouTube Des médias presque parfaits, a son avis sur la question.
Les personnages sont-ils devenus fréquents à la télévision ?
Oui. Je pense que Christine Angot par exemple en joue un. « ONPC » et surtout « TPMP » sont des émissions où les chroniqueurs jouent des personnages, à tel point que, lorsque Cyril Hanouna a voulu les faire changer à la rentrée dans « TPMP », ça n’a pas marché. Les gens attendent ce que j’appelle des « garanties produit », comme Gilles Verdez qui crie ou Isabelle Morini-Bosc qui s’indigne en restant amusante. Enora Malagré, elle, avait ce rôle de la « blonde » qui devait fulminer. Ils travaillent un peu dessus au départ, et si c’est ce qui fonctionne, ils ne peuvent plus sortir de leur personnage, car la production suppose qu’il va y avoir une forme de déception.
La téléréalité a-t-elle influencé cette tendance?
Dans le cadre de la téléréalité, on caste des personnes non pas en leur donnant un texte, mais en leur disant qu’il faut être « la blonde un peu cucul » ou « l’intello »… Il en est de même avec la télévision aujourd’hui, on a besoin de profils différents. A présent, la pub arrive à la seconde près et le clash également. Il n’est pas forcément écrit, mais il peut être souhaité.
Du coup, est-ce qu’on recrute les chroniqueurs en fonction de leur capacité à incarner un personnage ?
Je pense, oui. Quand Laurent Ruquier recrute Charles Consigny dans « ONPC », il le présente comme « le réac le plus sympa de Paris ». Un rôle lui est donc déjà assigné.
Par conséquent, quelle importance doit-on accorder à ce qui est dit dans ces émissions ?
On peut imaginer que « La Grande Librairie » sur France 5 ou « Le Cercle » sur Canal + restent des émissions relativement authentiques. Après, concernant les émissions où les chroniqueurs jouent un rôle, est-ce que les gens s’y trompent finalement.