Surmonter le refus scolaire anxieux, c’est possible
Le CHU traite avec réussite ce trouble de l’anxiété qui va parfois jusqu’à la déscolarisation
« J’ai cru un moment que je ne pourrai jamais travailler dans l’architecture comme j’en rêve. » Emma* peut regarder le chemin parcouru. Elle revient de loin. « A partir de la sixième, j’ai souffert de crises d’angoisse. Je n’arrivais plus à respirer, à me contrôler. J’ai d’abord été au collège à mi-temps avant de me déscolariser en troisième. »
« Une société anxiogène »
Faute d’étude sérieuse en France, le nombre d’élèves victimes du refus scolaire anxieux n’est pas connu avec certitude. Il toucherait 5 % à 28 % d’entre eux à une période de leur scolarité. Ce sont essentiellement des ados. « Un fléau dans une société anxyogène », explique le Dr Hélène Denis. Dans son unité de pédopsychiatrie au CHU de Montpellier, on y accueille en hôpital de jour une dizaine d’enfants. « On ne cherche pas à agir sur les causes. Nous apprenons à l’enfant à repérer l’anxiété et mettre en place des stratégies pour l’enrayer. Nous mettons en place de la thérapie cognitive et comportementale. » Les résultats de cette approche très peu développée en France sont specaculaires. Selon l’étude menée par le CHU, 90 % des enfants retournent à l’école. « Ça se fait de façon progressive, après quatre à six mois de traitement. » L’effet de groupe fait partie du traitement. « Le fait de voir que d’autres souffrent de la même façon, qu’on n’est pas seul, aide beaucoup », détaille Emma. « Nous apprenons des techniques pour gérer les crises d’angoisse, comme la défocalisation qui consiste à se concentrer sur autre chose. Des techniques respiratoires également pour ne pas paniquer. » Emma est retrounée en fin d’année au collège. Sa rentrée en seconde s’est passée « sans stress. C’est derrière moi », sourit-elle.
*Le prénom a été modifié