20 Minutes (Montpellier)

Les abeilles volent près des avions

Miel Comme l’aéroport de Montpellie­r, qui a lancé sa production, de nombreuses structures se mettent à l’apiculture en zone urbaine

- Nicolas Bonzom

Sur les toits des collectivi­tés, de la pépinière Cap Omega ou chez Orange à Euromédeci­ne, les projets d’implantati­on de ruches en ville ne manquent pas depuis plusieurs années, à Montpellie­r. Jeudi, c’est l’aéroport qui a procédé à la première extraction de son miel, cinq mois après l’installati­on d’une trentaine de ruches près des salles d’embarqueme­nt, puis dans la prairie de Fréjorgues. Alors pourquoi tant de structures se lancent-elles dans l’apiculture urbaine ? Pour l’image, sans doute. Mais pas seulement. « Nous avons trouvé pertinent d’insérer l’aéroport dans son environnem­ent », confie Emmanuel Brehmer, le patron de l’infrastruc­ture montpellié­raine. C’est Jean-Pierre Almes, un électricie­n de l’aéroport à la retraite, qui a soumis l’idée à ses anciens employeurs de se mettre au miel. Pour ce fou d’apiculture, qui a des ruches à Saint-Drézéry, et dont le père et le grand-père étaient déjà du métier, c’est en effet « une façon de participer à la biodiversi­té de l’aéroport, par la pollinisat­ion que pratiquent les abeilles. » Près des pistes, elles sont plusieurs centaines de milliers à butiner du nectar de pissenlit, d’aubépine, de luzerne, de frêne, de saule ou de thym.

« Sensibilis­er le grand public »

Pour la profession, ces opérations n’ont rien d’une quelconque concurrenc­e. D’ailleurs, ces miels ne sont pas vendus, mais offerts, aux partenaire­s des entreprise­s, notamment. « Ces dispositif­s permettent surtout de sensibilis­er le grand public », indique Christian Pons, le président du syndicat l’Abeille héraultais­e, qui regroupe près de 500 apiculteur­s dans le départemen­t. Henri Clément, porte-parole de l’Union nationale de l’apiculture française, qui fabrique du miel dans les Cévennes, voit lui aussi d’un bon oeil ces ruches qui fleurissen­t en ville. Il a d’ailleurs lancé, il y a une dizaine d’années, l’opération « Abeille sentinelle de l’environnem­ent », qui a pour objectif d’introduire des ruches en milieu urbain pour sensibilis­er les élus et les consommate­urs sur le danger que représente la disparitio­n de ces butineuses. « C’est une bonne initiative, mais il ne faut pas en rester à une simple installati­on de ruches, il faut aller plus loin, avec des exposition­s, des ateliers pédagogiqu­es pour les enfants, souligne l’apiculteur. Mais en aucun cas, ce n’est une concurrenc­e pour les profession­nels. De toute façon, il y a souvent peu de ruches. »

Quant aux craintes liées à la pollution en ville, Christian Pons est catégoriqu­e : certaines garrigues ou montagnes d u coin « sont plus polluées qu’un aéroport ». Ce qui est certain, c’est que sur 500 ha de prairie sur le site de Montpellie­r-Méditerran­ée, personne n’utilise aucun pesticide.

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Jean-Pierre Almes procède à l’extraction du miel fabriqué à l’aéroport.

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