Les abeilles volent près des avions
Miel Comme l’aéroport de Montpellier, qui a lancé sa production, de nombreuses structures se mettent à l’apiculture en zone urbaine
Sur les toits des collectivités, de la pépinière Cap Omega ou chez Orange à Euromédecine, les projets d’implantation de ruches en ville ne manquent pas depuis plusieurs années, à Montpellier. Jeudi, c’est l’aéroport qui a procédé à la première extraction de son miel, cinq mois après l’installation d’une trentaine de ruches près des salles d’embarquement, puis dans la prairie de Fréjorgues. Alors pourquoi tant de structures se lancent-elles dans l’apiculture urbaine ? Pour l’image, sans doute. Mais pas seulement. « Nous avons trouvé pertinent d’insérer l’aéroport dans son environnement », confie Emmanuel Brehmer, le patron de l’infrastructure montpelliéraine. C’est Jean-Pierre Almes, un électricien de l’aéroport à la retraite, qui a soumis l’idée à ses anciens employeurs de se mettre au miel. Pour ce fou d’apiculture, qui a des ruches à Saint-Drézéry, et dont le père et le grand-père étaient déjà du métier, c’est en effet « une façon de participer à la biodiversité de l’aéroport, par la pollinisation que pratiquent les abeilles. » Près des pistes, elles sont plusieurs centaines de milliers à butiner du nectar de pissenlit, d’aubépine, de luzerne, de frêne, de saule ou de thym.
« Sensibiliser le grand public »
Pour la profession, ces opérations n’ont rien d’une quelconque concurrence. D’ailleurs, ces miels ne sont pas vendus, mais offerts, aux partenaires des entreprises, notamment. « Ces dispositifs permettent surtout de sensibiliser le grand public », indique Christian Pons, le président du syndicat l’Abeille héraultaise, qui regroupe près de 500 apiculteurs dans le département. Henri Clément, porte-parole de l’Union nationale de l’apiculture française, qui fabrique du miel dans les Cévennes, voit lui aussi d’un bon oeil ces ruches qui fleurissent en ville. Il a d’ailleurs lancé, il y a une dizaine d’années, l’opération « Abeille sentinelle de l’environnement », qui a pour objectif d’introduire des ruches en milieu urbain pour sensibiliser les élus et les consommateurs sur le danger que représente la disparition de ces butineuses. « C’est une bonne initiative, mais il ne faut pas en rester à une simple installation de ruches, il faut aller plus loin, avec des expositions, des ateliers pédagogiques pour les enfants, souligne l’apiculteur. Mais en aucun cas, ce n’est une concurrence pour les professionnels. De toute façon, il y a souvent peu de ruches. »
Quant aux craintes liées à la pollution en ville, Christian Pons est catégorique : certaines garrigues ou montagnes d u coin « sont plus polluées qu’un aéroport ». Ce qui est certain, c’est que sur 500 ha de prairie sur le site de Montpellier-Méditerranée, personne n’utilise aucun pesticide.