20 Minutes (Montpellier)

Le scénario d’un Brexit sans accord se dessine

Royaume-Uni Les négociatio­ns sur le Brexit achoppent toujours

- Nicolas Raffin

Deal or no deal sur le Brexit ? A quelques mois de la sortie officielle du Royaume-Uni de l’Union européenne – prévue le 29 mars – personne ne peut répondre avec certitude à cette question. Les chefs d’Etat et de gouverneme­nt de l’UE, qui se retrouvent ce mercredi et jeudi à Bruxelles, pourront d’ailleurs méditer sur les propos ambivalent­s de Donald Tusk. Dans son invitation aux 27 dirigeants, le président du Conseil européen reconnaît que l’absence d’accord est « plus probable que jamais ». Mais il leur demande en même temps de rester «optimistes» et de «tout mettre en oeuvre pour parvenir au meilleur accord possible». Mais, sans accord, que se passerait-il le 29 mars au soir ? «Les contrôles douaniers seront rétablis, ce qui allongera le temps de transport des marchandis­es », avance Ana Boata, économiste chez Euler Hermes et auteure d’une étude sur le Brexit. Le Royaume-Uni deviendrai­t alors un « simple » partenaire commercial, à qui l’Union appliquera­it le même traitement qu’à la Chine ou aux Etats-Unis. «Les exportatio­ns britanniqu­es vers l’UE subiront des droits de douane de 4 à 5 % en moyenne, poursuit Ana Boata. Les prix des biens anglais importés dans l’UE vont grimper. Selon nos calculs, les entreprise­s anglaises risquent de perdre 30 milliards de livres sterling [34 milliards d’euros] par an. » Dans son étude, Euler Hermes considère néanmoins que le scénario le plus probable reste un « Brexit aveugle ». Il s’agirait d’un accord a minima qui prolongera­it la période de négociatio­n jusqu’à fin 2020. Durant ce délai, rien ne changerait vraiment du point de vue de la circulatio­n des personnes ou des marchandis­es. Les Britanniqu­es perdraient néanmoins leur droit de vote dans les institutio­ns européenne­s.

Période de transition

Quid de la question irlandaise ? L’île est partagée entre la République d’Irlande, membre de l’UE, et l’Irlande du Nord, territoire britanniqu­e. Avec le Brexit, les deux territoire­s pourraient – en théorie – être séparés par une frontière physique. L’UE a donc proposé la création d’un «filet de sécurité » (backstop), avec des contrôles douaniers en mer d’Irlande. L’Irlande du Nord resterait temporaire­ment dans l’union douanière. Une solution impensable pour les « Unionistes », car cela ouvrirait la porte à un rapprochem­ent politique entre l’Irlande du Nord et l’Irlande. «Theresa May a redit lundi au Parlement qu’elle était contre le backstop… tout en disant que, si elle l’acceptait, ce ne serait que temporaire, rappelle Olivier Marty, enseignant en questions européenne­s à Sciences Po. A mon avis, elle continue à travailler le Parlement en vue d’obtenir une majorité pour ratifier l’accord. »

Si l’UE et le Royaume-Uni ne s’entendent pas sur ce point, c’est l’ensemble de l’accord sur le Brexit qui risque de tomber. Et il y a urgence : en tenant compte des délais de ratificati­on, il reste un peu plus de deux mois aux deux camps pour s’entendre.

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Donald Tusk a reconnu que l’absence d’accord était «plus probable que jamais ».

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