Lucette tente de « faire avec » 770€ de retraite
Pauvreté Les plus précaires sont surtout des femmes, comme Lucette, 66 ans
Selon le dernier rapport du Secours catholique, 60 % des Français accompagnés par l’association en 2017 sont des femmes et 22 % ont 55 ans et plus. Parmi ces personnes précaires, Lucette, 66 ans, qu’a rencontrée 20 Minutes. Infirmière, elle a connu l’orphelinat jusqu’à ses 4 ans, le bonheur et la galère.
« Tu es SDF ? »
« C’est quand j’ai grandi que j’ai appris que j’avais été dans un orphelinat, confie-t-elle. Cela m’a déstabilisée. C’est lourd, comme début dans la vie. » Avec son mari, elle a quitté la Lorraine dans les années 1970 et a décroché un job et un appartement à Montpellier, « le premier jour ». « Tout allait bien. Puis, en quatre ans, j’ai perdu deux compagnons. » Loin de ses enfants, Lucette se retrouve seule. Pour tuer le temps, on lui suggère d’aller au casino, à Palavasles-Flots. « On m’a dit que ça allait me changer les idées. J’ai dépensé, dépensé... Jusqu’au jour où je n’avais plus un sou. Même pas 10 € pour de l’essence. »
A la rue en 2014, elle connaît les galères d’hébergement, les petitsdéjeuners et les douches dans les accueils de jour. « Quand j’avais ma fille au téléphone, je lui disais “Oui, tout va bien !” Un jour, je me suis dit qu’il fallait que je lui en parle. Elle m’a dit “Tu es SDF ? Mais comment en es-tu arrivée là ?” Elle ne comprenait pas. » Aujourd’hui, Lucette a sorti la tête de l’eau. Mais sur ses 770 € de retraite, plus de 400 € partent dans son loyer, le reste paie l’électricité, le téléphone et les assurances. « Il me reste 70 € à 80 € pour vivre. Il faut faire avec. » « On voit que la précarité dans la petite enfance ressort quand il y a de l’isolement, confie Isabelle Adam, déléguée départementale du Secours catholique. Même avec un métier porteur, on peut basculer. » Aujourd’hui, Lucette est engagée dans l’association. « Dès que je peux aider, je vais à droite, à gauche ! » sourit-elle.