20 Minutes (Montpellier)

Cent ans après, huit familles réunies

Armistice A Assas, les descendant­s des huit Poilus morts pour la France résident toujours dans le village

- Jérôme Diesnis

Quatre génération­s posent autour du monument aux morts d’Assas, un petit village de 1500 âmes, situé à quelques kilomètres au Nord de Montpellie­r. Les huit noms alignés par le tailleur de pierre sont ceux des Poilus morts pour la France entre 1914 et 1918. Ce sont aussi les leurs (ou ceux de membres de leurs familles), à ces hommes, femmes et enfants qui vivent toujours dans ce village. Là où, cent ans plus tôt, de jeunes hommes âgés de 20 à 30 ans, sont partis défendre leur patrie. Et n’en sont jamais revenus.

« Cette aventure a commencé il y a deux ans avec une exposition de cartes postales anciennes. Je savais que mon arrière-grand-oncle était mort pour la France, se souvient Nicolas Dusfour, arrière-petit-neveu de Jean Sauvaire. J’ai eu envie de poser des visages sur les sept autres noms. Je suis allé voir mon grand-oncle qui est le doyen du village et en l’espace de quinze minutes on a retrouvé tous les descendant­s. »

Ces Assadins ont pu lever des zones d’ombre de leur passé. « On avait un tas de photos à la maison sur lesquelles on ne pouvait pas mettre de nom. On s’est aperçu que chacun d’entre nous possédait les mêmes », évoque le mari de Maryse Lamoureux, petite nièce du Poilu Jules Simon. Les recherches de Nicolas Dusfour leur ont permis de retrouver la tombe de leur aïeul, dans la Somme. « Personne ne s’y est sans doute jamais recueilli. Toute la famille de mon épouse va pouvoir s’y rendre et enfin accomplir son deuil. » L’histoire de ces vies fauchées n’est pas toujours si complète. « Mais ce qui nous paraissait très loin ne l’est plus du tout », souligne Line Boissiet, petite-fille du cousin de Gabriel Oziol. Tellement proche que le passé éclaire d’un jour nouveau leur quotidien. « J’ai découvert que mes voisins sont aussi mes cousins. On se disait juste bonjour dans la rue. Finalement, on s’aperçoit qu’on a énormément d’histoires en commun », évoque Florie Lombard, l’arrièrepet­ite-nièce de Louis.

« Quand on voit loin dans le passé, on voit loin dans l’avenir, lui répond en écho Nicolas Dusfour. La commémorat­ion des cent ans de l’armistice était l’occasion de se retrouver et transmettr­e cet héritage aux génération­s futures afin que ça ne se renouvelle pas. C’est important de leur transmettr­e l’horreur de la guerre, les visages de ces jeunes âgés d’entre 20 et 30 ans morts pour la France. » Mais dont le souvenir n’a jamais été aussi vivant.

« Transmettr­e cet héritage aux génération­s futures. » Nicolas Dusfour, descendant de Poilu

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Les Assadiens posent à côté du monument érigé en hommage de leurs aïeux.

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