Attendus au tournant
L’avenir des « gilets jaunes », sans structure centrale ni interlocuteur identifié, reste des plus incertains après un week-end de mobilisation dans toute la France.
« Souriez, vous êtes taxés! », « Macron, démission ! »… Au rond-point de Baillargues, les « gilets jaunes » étaient toujours là, dimanche aprèsmidi. Sous le regard des gendarmes, plusieurs dizaines de manifestants ont mis en place un barrage filtrant, occasionnant un embouteillage sur la route qui mène à Montpellier.
Un feu et des croissants
Certains automobilistes klaxonnent par solidarité, ou affichent un gilet jaune sur le tableau de bord. D’autres, le visage fermé, lâchent quelques noms d’oiseaux ou montrent des signes d’impatience. Comme cette dame, qui fait de grands gestes pour que les « gilets jaunes » déplacent les plots qui ralentissent le trafic. « Certains automobilistes nous soutiennent, d’autres ne comprennent pas, mais cela reste minoritaire. Depuis samedi, nous n’avons eu que deux "énervés". Ils ont simplement jeté les plots en l’air, pour passer », confie Stessie, qui est mobilisée depuis samedi midi. « On ne bloque pas, on ne peut pas bloquer, reprend un autre manifestant. Les plots, ça ralentit un peu les automobilistes, on discute avec eux, on leur explique pourquoi on se mobilise. »
Sur le rond-point de Baillargues, un petit camp de fortune s’est mis en place. Un feu a été allumé pour se réchauffer sur le bord de la route, et des croissants attendent sur une table les plus affamés. « On a passé la nuit ici, on est épuisé, mais on est là, reprend Stessie. Les plus fatigués rentrent chez eux, dorment un peu, prennent une douche, puis reviennent. Il y a des gens très gentils qui nous apportent des choses à manger ou à boire. Lorsque l’on a besoin de quelque chose, on le poste sur nos réseaux sociaux, les gens nous les amènent. » « On s’est relayé, notamment entre minuit et 6 h du matin, ajoute Wilfried, chauffeur routier. Il y a une vraie effervescence, une ambiance bon enfant. » Annie, de son côté, est émue de constater que « des gens qui ne se connaissaient pas samedi se retrouvent ensemble, autour d’une même cause ». Entre Baillargues et Vendargues, les « gilets jaunes » ont prévu de rester mobilisés jusqu’à « mardi au moins ».