Décoder, c’est coton
Santé Des applis traquent les composants nocifs des produits de beauté. Mais sont-elles fiables ?
Yuka, Inci Beauty, QuelCosmetic... Ces applications analysent les composants des produits cosmétiques et signalent leurs dangers. Mais leur fiabilité reste à prouver.
A l’heure où la défiance a gagné des pans entiers de notre économie (médicaments, banques, alimentation…), le marché des cosmétiques ne fait pas exception. Yuka, QuelCosmetic, Inci Beauty et bien d’autres applications proposent d’analyser les composants des produits cosmétiques pour aider le consommateur à éviter les risques pour sa santé ou l’environnement. Le problème, c’est que les composants définis comme dangereux ne sont pas les mêmes selon les applis. Ainsi, une même crème pour les mains, ou un dentifrice pour enfant, serait à mettre à la poubelle pour Yuka, alors qu’elle recueille le feu vert de QuelCosmetic. « Il y a un “joyeux mélange” entre le risque toxique pour l’humain et le risque environnemental», remarque Annick Barbaud, chef de service de dermatologie et allergologie à l’hôpital Tenon (AP-HP).
Sources scientifiques
Autre problème, les applis ne prennent pas en compte la pratique : un shampoing apposé trente secondes et rincé n’aura pas la même toxicité qu’une crème pour le corps appliquée chaque jour du cou aux talons. « On ne peut pas tout baser sur la présence ou l’absence d’une molécule », critique la dermatologue.
Par ailleurs, comment sont définis les notes et codes couleur? «On se base sur les sources scientifiques reconnues sur ces questions, répond Julie Chapon, cofondatrice de Yuka, qui liste l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, la TEDX list sur l’aspect cancérigène, les avis du Centre international de recherche sur le cancer. »
Pour les professionnels du secteur, la fiabilité de ces informations est encore à prouver. «Ces applis identifient les composants en s’appuyant sur le code-barres, souligne Anne Dux, directrice des affaires scientifiques et réglementaires de Febea, syndicat du secteur cosmétique. Le problème, c’est qu’il n’y a pas de relation parfaite : on ne change pas de code-barres quand on fait évoluer la formuled’un produit. L’autre problème, c’est qu’elles s’appuient sur des bases de données de composants pas forcément à jour.»