Bendaoud met en scène son retour
Justice Le « logeur de Daesh » n’a pas hésité à relayer sur les réseaux son arrivée au tribunal pour l’ouverture de son procès en appel, mercredi
Le taxi serpente le long du périphérique parisien au son de Heuss l’enfoiré, un rappeur des Hauts-de-Seine. Aux abords du palais de justice, le message « Et c’est reparti… » s’affiche alors sur l’écran. C’est sur le réseau social Snapchat que Jawad Bendaoud a mis en scène, mercredi, son retour devant la justice.
Relaxé en février lors de son procès en première instance, il est jugé, en appel, pour avoir hébergé à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) deux des terroristes du 13-Novembre dont Abdelhamid Abaaoud, le cerveau suspecté des attaques ayant fait 130 morts en 2015.
Engoncé dans un improbable survêtement noir à bandes pailletées et dorées, le trentenaire s’est contenté, lors de cette première demi-journée d’audience, de confirmer son identité et d’indiquer à la cour que sa mère, appelée à témoigner, était actuellement « au Maroc ». Le président de la 8e chambre ne lui en demandait pas plus, trop occupé à faire l’appel des avocats représentant les 800 victimes ou proches de victimes des attentats, constitués parties civiles dans ce dossier.
« Libérer Jawad »
L’occasion, justement, pour Frédérique Giffard, de dénoncer le fait qu’ils ont été « relégués » dans une salle de retransmission vidéo à l’autre bout du tribunal, faute de places suffisantes dans le prétoire. « Les prévenus ne voient pas les victimes. Or, leur présence massive ici changerait tout, a déclaré l’avocate. Aujourd’hui, nous sommes devant le fait accompli. Mais nous serons très vigilants pour que cette situation ne se reproduise pas lors du procès des attentats du 13-Novembre. »
Affalé sur son banc au premier rang, les bras croisés, Jawad Bendaoud n’esquisse pas le moindre geste à cette évocation. Il a toujours assuré – jurant sur la tête de son fils – qu’il n’avait rien à voir avec les attentats et qu’il ignorait que les deux personnes qu’il logeait « pour 50 € la nuit » étaient des terroristes. Sur ce point, le président de la 8e chambre a indiqué qu’il l’interrogerait durant trois jours à partir de mercredi prochain. Pour « recel de malfaiteurs terroristes », Jawad Bendaoud encourt une peine de six ans de prison et 45 000 € d’amende. Et également l’opportunité de gagner quelques « followers » à qui il a déjà fourni, mercredi, une vidéo de sa sortie du tribunal sous les projecteurs des caméras. Juste avant, il les avait gratifié d’une punchline assez simple : « Libérer Jawad » (sic).