« L’Eglise a pris conscience, elle réagit, mais jusqu’où ira-t-elle ? »
Le pape réunit de jeudi à dimanche la hiérarchie épiscopale de la planète pour évoquer les scandales d’agressions sexuelles. Un changement de stratégie du Vatican ? Pas selon Bernard
Lecomte, journaliste et auteur du Monde selon Jean Paul II (Tallandier).
La question de la pédophilie de certains prêtres entache le pontificat de François. Elle n’est pourtant pas récente…
Le cardinal Ratzinger a convaincu en 2001 Jean Paul II qu’il fallait prendre l’affaire au sérieux. Il a imposé aux cardinaux des règles nouvelles : centraliser tous les dossiers, avoir une « tolérance zéro » vis-à-vis des prêtres pédophiles et une écoute des victimes. Le deuxième tournant, c’est 2010, avec les révélations sur le fait que les crimes pédophiles sont incroyablement plus nombreux qu’on le pensait. L’apparition des associations de victimes y a contribué.
Que peut-on attendre de ce sommet ?
Il serait bon que cette conférence commence par répondre à cette question essentielle : le crime de pédophilie est-il encore une actualité dans l’Eglise ou est-ce un vieux débat? Dans l’Eglise française, il y a un progrès incontestable, qui n’est pas vrai partout, notamment en Irlande ou en Afrique.
Cette crise est-elle lourde de conséquences pour l’Eglise ?
Globalement, l’Eglise a pris conscience, elle réagit. Jusqu’où ira-t-elle? Je pense que les historiens diront que l’affaire de la pédophilie l’a affaiblie à un moment où elle l’est déjà par une forte déchristianisation en Occident.