Les habitants de Los Angeles sont orphelins après la mort du basketteur Kobe Bryant
Depuis dimanche, la ville de Los Angeles pleure son icône
C’est une histoire d’amour et de fidélité. Celle d’un gamin qui a signé son premier contrat pro à 17 ans et d’une ville à qui il a tout donné pendant vingt saisons avec les Lakers. Après la mort brutale de Kobe Bryant et de sa fille Gigi dans un accident d’hélicoptère, dimanche, Los Angeles continue de pleurer son « Black Mamba » dans un deuil collectif qui rappelle par son ampleur celui qui avait suivi la mort de Michael Jackson, il y a onze ans.
Un peu partout dans la ville, des fresques de Bryant se transforment en lieux de pèlerinage, où Angelinos et touristes s’arrêtent pour se recueillir. « Kobe, you are LA » (« Kobe, tu es LA »), écrit un fan sur un post-it, à côté d’un portrait du joueur, sur Melrose Avenue. «J’ai grandi avec Kobe et Shaq [Shaquille O’Neal, autre légende des Lakers], j’avais presque l’impression qu’ils faisaient partie de ma famille», confie Jonnyesha.
« Un bourreau de travail »
En plein Central LA, la street artist MuckRock a immortalisé le basketteur et sa fille en quelques heures, dimanche. Un blouson des Lakers sur le dos, David était venu spécialement d’Hawaï pour assister au match entre les Lakers et les Clippers, prévu mardi, mais qui a été repoussé par la NBA : «Kobe, c’était mon mentor. Il m’a appris à ne jamais abandonner, à toujours me relever. » Cette abnégation, c’est aussi ce que retient Darryl : « Je l’ai suivi de son premier match à son dernier. C’était un bourreau de travail, et, à travers son exemple, j’ai pu inculquer cette valeur de l’effort à mon fils.» Pour lui, l’importance de Bryant dépassait les parquets : «Il est arrivé en 1996. On sortait des émeutes après Rodney King et du procès d’OJ [Simpson]. Tous les gamins ont grandi avec Kobe et Shaq comme héros.»
Le plus gros des rassemblements a lieu devant le Staples Center. C’est dans cette salle que le natif de Philadelphie a écrit les plus belles pages de son histoire. Ici qu’il a marqué 81 points face à Toronto en 2006. Ici qu’il a remporté sa cinquième bague de champion NBA en 2010. Fleurs, photos, peluches, ballons de basket, chaussures… La place centrale du complexe LA Live s’est transformée en immense chapelle ardente. Des chants « Kobe, Kobe, Kobe » montent par intermittence.
La foule est à l’image de Los Angeles et du sport : cosmopolite et sans frontières. Des milliers de messages en anglais, en espagnol ou en chinois noircissent une douzaine de panneaux. Quand il n’y a plus de place, reste la craie pour écrire sur les pavés. Un homme dépose un bouquet de fleurs. Sur son tee-shirt imprimé, on peut lire : «Les héros vont et viennent, mais les légendes sont éternelles. » Celle de Kobe Bryant, façonnée par les records et scellée dans la tragédie, semble partie pour transcender les générations.