20 Minutes (Montpellier)

Seul et mal logé, un cas loin d’être isolé

Le rapport de la Fondation Abbé-Pierre montre que l’isolement rend difficile l’accès au logement

- Delphine Bancaud

Trouver un toit alors que les prix de l’immobilier flambent dans les grandes villes : une gageure pour beaucoup de Français. Lorsque l’on est seul, cela peut même virer au parcours du combattant. C’est ce que montre le rapport de la Fondation Abbé-Pierre, qui paraît ce jeudi. Selon ce dernier, 22 % des personnes vivant seules sont mal logées. Cette fragilité affecte aussi bien les jeunes que les migrants, les célibatair­es et les veufs.

Un budget vite déséquilib­ré

Si le chemin pour parvenir à décrocher les clés de chez soi est si difficile pour les personnes seules, « c’est tout d’abord qu’elles disposent de moins de ressources que les autres ménages», souligne Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation Abbé-Pierre. Selon l’Insee, leur revenu annuel s’élevait à 21600 € en 2016 contre 36 340 € pour l’ensemble des ménages français. Et la pauvreté affecte 20% des personnes seules contre 14% de l’ensemble de la population.

Contrairem­ent aux couples, impossible pour les solos de faire des économies d’échelle sur le chauffage, l’électricit­é, les courses… Par conséquent, en 2018, ils subissaien­t un taux d’effort de 26 % pour se loger, supérieur de 8 points à la moyenne de l’ensemble des ménages français, selon Eurostat. Et en cas de dépense imprévue, leur budget est vite déséquilib­ré. Ce qui entraîne parfois une impossibil­ité pour les personnes seules de payer leur loyer.

Autre explicatio­n de cette fragilité des personnes seules : « Le parc de logement a été pensé autour d’une famille avec deux enfants et dont les parents ont un emploi, explique Manuel Domergue. Mais ce schéma n’est plus adapté à la montée en puissance des ménages solos. » Selon l’Insee, les personnes seules représente­nt 35% des ménages français, voire 50 % dans les centres-villes des grandes métropoles. Or, en 2016, 18,6% des logements étaient composés d’une ou deux pièces, soit un taux de couverture de la demande potentiell­e des ménages d’une personne de l’ordre de 50%. Dans le parc privé, les loyers des petits appartemen­ts sont plus élevés au mètre carré que ceux des grands. Ce phénomène est amplifié par la plus forte rotation des petits logements, qui permet aux propriétai­res de réajuster plus fréquemmen­t le loyer. Par ailleurs, les ménages à la recherche d’un T1 ou d’un T2 et ayant des revenus inférieurs au smic ne peuvent pas envisager une accession à la propriété dans les grandes villes.

Pour améliorer le sort des personnes seules, il existe des solutions. «Les politiques sociales et du logement doivent produire davantage de logements plus petits et à des loyers abordables», recommande Manuel Domergue. Certaines municipali­tés, comme Rennes, se sont engagées dans cette voie. Autre levier politique à actionner : l’encadremen­t des loyers (déjà en vigueur à Paris et à Lille), qui permet de contenir les loyers des petites surfaces.

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Environ 22 % des personnes vivant seules sont mal logées.

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