20 Minutes (Montpellier)

Sorti de sa bulle sans s’emballer

Le Français Emmanuel Guibert a remporté mercredi le grand prix d’Angoulême. Heureux, mais déjà reparti au travail

- De notre envoyé spécial à Angoulême, Olivier Mimran

A Angoulême, les jeux sont faits : c’est Emmanuel Guibert, finaliste lors des deux dernières éditions du festival de la BD, qui a remporté mercredi soir le grand prix. Peu connu du grand public, il est le premier Français à recevoir ce prix depuis l’instaurati­on, en 2013, du vote des auteurs de BD.

«J’ai longtemps été le cocu de service, et voilà que je deviens cocu magnifique.»

A 56 ans, Emmanuel Guibert, artiste complet qui écrit comme il dessine, est aujourd’hui à la tête d’une oeuvre aussi dense que composite : de la montée du nazisme (dans Brune, sa première BD) au quotidien trépidant d’un jeune âne (avec la série Ariol, dessinée par Marc Boutavant), en passant par les souvenirs d’un ancien soldat (La Guerre d’Alan), les aventures déjantées d’une petite pirate (Sardine de l’espace) ou les mémoires d’un photograph­e de guerre (Le Photograph­e), il touche tous les publics. Lesquels l’en remercient en faisant de chacun de ses livres de gros succès de librairie.

Peu habitué aux honneurs, Emmanuel Guibert arborait un immense sourire en se présentant sur la scène de la médiathèqu­e L’Alpha à Angoulême mercredi. Heureux et reconnaiss­ant, comme il le confiait à 20 Minutes : « C’est difficile de dire quelque chose de futé à propos de distinctio­ns pour lesquelles on ne postule pas… mais ça fait très plaisir, bien sûr. Encore plus quand on se retourne vers les autres. Ils sont tous fous de joie. Bien plus que moi, étrangemen­t. » C’est peut-être qu’en vrai profession­nel le nouveau Grand Prix refuse de s’emballer. Alors qu’il a fini sur une marche du podium en 2018 et 2019, Emmanuel Guibert a du mal à prendre de la hauteur : «J’ai longtemps été le cocu de service, et voilà que je deviens cocu magnifique [rires].»

S’il ne venait « plus que très rarement, ces dernières années », au festival d’Angoulême, il va devoir commenter son élection dans les jours à venir. « Je m’apprête à faire face à quelques turbulence­s. Mais ensuite, vous savez ce que c’est, on retourne au boulot, et sans tarder. » Ce gros travailleu­r confie qu’il oeuvrera sur pas moins de sept ouvrages en 2020. Sans compter les exposition­s : « Le fait d’avoir le droit, ou le devoir, de proposer des exposition­s est le principal attrait du statut de Grand Prix. J’ai déjà énormément d’idées. » Et nous, on a vraiment hâte de les découvrir.

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Ce gros travailleu­r oeuvrera sur pas moins de sept ouvrages en 2020.

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