20 Minutes (Montpellier)

A Béziers, Ménard est engagé dans une campagne sereine

Le maire sortant, allié du RN, vise sa réélection dès le premier tour

- Jérôme Diesnis

Robert Ménard peut-il être battu aux élections municipale­s du mois de mars à Béziers ? Poser la question, c’est déjà en partie y répondre. Le maire de Béziers, proche du Rassemblem­ent national, est en position ultrafavor­able à un mois du premier tour. Un sondage Ifop / Fiducial / Midi Libre, même avec un panel assez faible (607 votants), le donne vainqueur à 61 % d’intention de votes, 46 points devant la liste placée en deuxième position.

Pourquoi un tel plébiscite? «Robert Ménard a réussi dans une ville où plusieurs atouts favorables existaient déjà, souligne Emmanuel Négrier, politologu­e au CNRS. Une droite ayant déjà eu, par le passé, l’expérience d’accords politiques [officieux] avec l’extrême droite. Une droite fragmentée et affaiblie par une usure certaine du pouvoir. Une gauche également fragmentée et incapable d’incarner une alternativ­e. Une situation dépréciée pour beaucoup d’habitants du Biterrois, évoquant une sorte d’âge d’or où prospèrent des formes de nostalgie et d’appel à l’autorité, une inégalité entre hauts et bas revenus plus criante qu’ailleurs. Tous ces éléments sont toujours là, et Robert Ménard en use très habilement. »

Son mandat a fait l’objet de deux périodes distinctes. Il a d’abord marqué son territoire avec des polémiques nationales (les campagnes de communicat­ion sur les migrants, l’armement de la police, la ligne LGV, la crèche de Noël, l’ADN des déjections canines…) et des affaires portées devant la justice. Laquelle l’a régulièrem­ent blanchi des accusation­s les plus graves dont il était l’objet, notamment par diverses associatio­ns (non-lieu dans l’affaire des fichiers d’enfants musulmans, relaxe dans les poursuites de provocatio­n à la haine ou encore à l’appel au féminicide).

Abandon à droite

La seconde partie de son mandat a donné lieu à beaucoup moins de turpitudes. Son opposition s’est désagrégée. Notamment à droite, qui a géré la ville de 1995 à 2014. Délégué des Républicai­ns dans la circonscri­ption, Henri Gas a rejoint la liste d’Union des droites prônée par Robert Ménard. Investi par Les Républicai­ns, Lewis Marchand a finalement décidé de jeter l’éponge, estimant que «la terre biterroise est une terre brûlée pour la droite (…) Je ne veux pas entrer dans cette mascarade ». Dans l’urgence, le parti a finalement cautionné Antoine About dont il avait initialeme­nt rejeté la candidatur­e…

La marge de manoeuvre de Robert Ménard semble telle qu’il multiplie soutiens et meetings hors de sa ville, là où le RN, allié à une partie de la droite traditionn­elle, est en mesure de prendre le pouvoir.

« La terre biterroise est une terre brûlée pour la droite. » Lewis Marchand, Ex-candidat LR à Béziers

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Robert Ménard, le 29 janvier, lors de l’inaugurati­on de son local de campagne.

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