20 Minutes (Montpellier)

Les candidats désunis sur la gratuité des transports

C’est la mesure phare de Michaël Delafosse (Union de la gauche), peu suivi dans son projet par les autres candidats

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Michaël Delafosse (PS), candidat de « la gauche qui nous rassemble », propose la gratuité des transports en commun à Montpellie­r. La préfecture de l’Hérault rejoindrai­t la trentaine de communes qui ont franchi le pas en France, dont la plus emblématiq­ue, Dunkerque, a souvent valeur d’exemple. « Pourquoi la gratuité des transports ?, évoque l’ancien adjoint à l’urbanisme d’Hélène Mandroux. Pour faire le choix de la transition écologique et protéger la santé, pour améliorer le pouvoir d’achat, réduire les embouteill­ages et renforcer notre centre-ville. »

Rémi Gaillard, l’humoriste, dit banco. « En échange de pubs sur un tramway ou un bus, des marques s’engageront à financer son fonctionne­ment », espère le candidat sans étiquette,

« La gratuité n’existe pas. Il faut bien que quelqu’un paie, à un moment donné. » François Mirabel, économiste

«A court terme, la gratuité peut sembler alléchante. Mais ce serait une catastroph­e pour Montpellie­r dont le réseau est l’un des plus performant­s de France, réagit Abdi El Kandoussi, président de la TaM et directeur de campagne du maire sortant, Philippe Saurel (DVG). On ne peut pas nous comparer à des réseaux de 1,5 million ou 4,5 millions de voyageurs. » A Montpellie­r, le trafic s’élève à 80 millions de voyageurs par an. « Parmi ceux de taille comparable, nous sommes l’un des réseaux les moins chers de France, avec un abonnement annuel pour les -26 ans à 196 € et un ticket à 1 € avec l’achat de tickets 10 voyages. » Sur les 110 millions d’euros de budget, la part billetteri­e s’élève, selon la TaM à 40 millions, soit 36% du total. Or, selon un rapport présenté le 26 septembre par le sénateur de l’Isère Guillaume Gontard (groupe communiste), la gratuité « ne doit pas s’appliquer partout de la même manière (…) Là où elle a été mise en place, les transports étaient peu utilisés. Quand la part de la billetteri­e représente 25 % ou 30 % du budget des transports, sa mise en place est complexe ». Clothilde Ollier (ECO) est, elle aussi, opposée à l’idée du tout gratuit et préfère « réserver gratuité et réductions aux gens qui en ont le plus besoin. Ce serait un cadeau fait aux entreprise­s [qui financent 50 % des abonnement­s salariés] », explique la tête de liste soutenue par le mouvement Convergenc­e. La gratuité empêcherai­t « de continuer à investir » dans les transports. Sur sa liste, figure Marc Le Tourneur (LFI), ancien patron de la TaM.

« La gratuité n’existe pas, tranche François Mirabel, doyen de la faculté d’économie de Montpellie­r. A un moment donné, il faut que quelqu’un paie. » Ce spécialist­e de la mobilité est l’un des auteurs d’un rapport sur la gratuité des transports en commun en Île de France. « Cette étude avait démontré que l’impact sur les automobili­stes était très faible puisque seuls 2 % d’entre eux auraient changé de mode de transport. Au contraire, elle pointait des effets pervers. Ceux qui auraient gonflé les chiffres sont ceux qui utilisent aujourd’hui des modes de transports doux. C’est tout l’inverse de l’effet recherché. »

Lundi prochain, « 20 Minutes » reviendra sur les propositio­ns les plus étonnantes des candidats.

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A Montpellie­r, 80 millions de voyageurs sont transporté­s chaque année.

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