La veuve noire tisse sa toile sur les bords du Salagou
Une vingtaine d’araignées rares vivent au nord de Montpellier
L’histoire interpelle les spécialistes. Dans son édition de lundi, L’indépendant relatait la mésaventure d’un habitant de Sainte-Marie, persuadé d’avoir été piqué par une araignée et hospitalisé.
Avant de retrouver celle qu’il pensait être la coupable quelques jours plus tard, la tuer, la prendre en photo en s’en débarrasser. Et ce serait, selon lui, une veuve noire.
« Je ne remets pas son témoignage en doute, explique Anne BouniasDelacour, une arachnologue réputée. Mais d’autres araignées sont noires avec des taches rouges sur l’abdomen. Pour les différencier, il faut observer leur appareil génital. On ne saura jamais s’il s’agissait bien d’une veuve noire. » S’il s’agissait d’une veuve noire américaine, « elle se serait enfuie d’un vivarium. » A l’état sauvage, elle n’a jamais été observée en France. En revanche, ses cousines habitent bien dans le sud de la France. Elles sont nombreuses en Corse. Et une petite colonie a élu domicile sur les bords du Salagou, au nord de Montpellier. « Il y a précisément 18 femelles », explique cette passionnée d’araignées, qui recense les espèces dans le sud de la France.
Un animal qui fuit l’homme
Elle oeuvre pour réhabiliter leur image. « Ce sont des animaux absolument pas agressifs. Une araignée ne mord que pour se nourrir ou si elle se sent attaquée. Les cas de morsures en France sont très rares. Et le nombre de morts dans le monde s’élève entre huit et quinze par an. Il n’y a jamais eu de cas mortel en France.» Outre de violentes douleurs, leur venin peut provoquer des troubles neurotoxiques. Les veuves noires qui ont élu domicile au Salagou mesurent jusqu’à 15 mm. « Elles s’y plaisent car elles ont trouvé une zone très sèche et très chaude, reprend l’arachnologue. Elles tissent leur toile sous les pierres. A moins de vouloir les déranger, on ne peut pas les rencontrer. Au contraire, elles fuient l’homme. »