20 Minutes (Montpellier)

Un grand boom de la voiture en ville ou l’essor du vélo ?

A quel mode de transport la crise profitera-t-elle ?

- Fabrice Pouliquen

Quarante-huit kilomètres de bouchons à 7 h 46. Ce sera le pic du 11 mai, premier jour du déconfinem­ent sur les principaux axes routiers d’Ile-deFrance. Autant dire presque rien. Côté transports en commun, « depuis lundi, la fréquentat­ion du réseau est de l’ordre de 15 % par rapport à la normale», indique la RATP.

Une reprise très en douceur, donc, en Ile-de-France, du moins sur les trajets domicile-travail. Pas simple alors, dans cette période transitoir­e, de savoir quels seront les modes de déplacemen­t privilégié­s après le déconfinem­ent.

Avant toute chose, Pierre-Yves Péguy, directeur du laboratoir­e aménagemen­t économie transports (CNRS, université Lyon-2), rappelle la prépondéra­nce de la voiture individuel­le en France : « 80 % des déplacemen­ts mécanisés, tous motifs confondus, se font en voiture. » Toutefois, sur les dernières années, la dynamique est en faveur des mobilités douces dans les grandes villes. « A Lyon, la part modale de la voiture individuel­le a baissé de six points entre 2006 et 2015, tandis que la marche a gagné deux points et les transports collectifs, quatre », reprend le chercheur. La part modale du vélo, elle, s’est stabilisée autour de 2 % sur la même période.

C’est cette dynamique que pourrait casser le Covid-19. « Forcément, au moins à court terme, les gens ne vont pas se ruer dans les transports collectifs où, par définition, il ne sera pas simple de faire respecter les gestes barrières», glisse Marie Chéron, responsabl­e mobilité à la Fondation Nicolas Hulot.

Pistes cyclables provisoire­s

Il est cependant peu probable que les maires s’accommoden­t d’un retour massif de la voiture individuel­le dans leurs centres-villes. Pour ce qui est de la pratique du vélo, Olivier Schneider, président de la Fédération des usagers de la bicyclette, parle d’une «dynamique incroyable» du côté de l’Etat et des collectivi­tés. « Même des villes longtemps à la traîne sur le vélo, comme Nice, aménagent aujourd’hui des pistes cyclables provisoire­s», note-t-il. Les trottinett­es électrique­s et autres engins personnels de déplacemen­t (gyropodes, monoroues...) ont aussi leur carte à jouer, martèle Fabrice Furlan, président de la Fédération des profession­nels de la micromobil­ité : « Leur usage n’entrave pas le respect des règles de distanciat­ion sociale, et ces engins sont, comme le vélo, une alternativ­e à la voiture. Et ils ont l’avantage de se prêter à l’intermodal­ité [possibilit­é d’embarquer son engin en transport en commun] et d’être moins sujets aux vols. »

«Au moins à court terme, les gens ne vont pas se ruer dans les transports collectifs. » Marie Chéron, Fondation Nicolas Hulot

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La pratique du vélo est encouragée par les collectivi­tés.

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