20 Minutes (Montpellier)

Elles lâchent la bride

La période du confinemen­t a été l’occasion pour de nombreuses femmes, moins sujettes aux regards, de ne plus porter de soutien-gorge.

- Lise Abou Mansour

Marques rouges sur la peau, impression de ne pas pouvoir pleinement respirer ou envie d’accepter ses seins au naturel. Toutes ces raisons ont poussé près d’une femme sur dix à laisser sa brassière au placard depuis le début du confinemen­t.

Et même selon une enquête de l’Ifop réalisée début avril, une femme de 18 à 24 ans sur cinq ne porte plus de soutien-gorge depuis le 17 mars. Mais dans les transports en commun ou au milieu de ses collègues, il n’est pas toujours facile d’assumer les regards. D’autant que les remarques ne sont jamais bien loin. « On était à la maison et ma coloc m’a dit de remettre un soutien-gorge parce que j’avais les seins qui pointaient et que c’était chaud », raconte Laura, 30 ans, confinée avec des amis. Le fait qu’autant de femmes aient rangé leur soutien-gorge pendant le confinemen­t « en dit beaucoup sur le poids des injonction­s extérieure­s », estime la philosophe Camille Froidevaux-Metterie, autrice du livre Seins, en quête d’une libération (éd. Anamosa), sorti le 5 mars.

Le « diktat des seins ronds »

«Les femmes se sont retrouvées débarrassé­es du poids des regards extérieurs. C’est inédit.» Sabrina, 28 ans, avait du mal à laisser libre sa forte poitrine à l’implantati­on basse. «Il y a ce diktat qui dit que les seins doivent être ronds et hauts. Je voulais m’habituer à ne pas avoir cette poitrine formatée que l’on obtient grâce au soutien-gorge. » Le port de ce vêtement peut aussi être douloureux. « Depuis l’apparition du Wonderbra dans les années 1990, on a assisté à une forme de "recorsetis­ation" des soutiens-gorge, avec des renforceme­nts, des mousses, des coussinets, des armatures et des élastiques de plus en plus contraigna­nts », explique Camille Froidevaux-Metterie. Pourtant, aucune étude scientifiq­ue ne prouve l’utilité du soutien-gorge. Jean-Denis Rouillon, ancien médecin du sport, a même réalisé une étude sur quinze ans montrant le contraire : « L’hypothèse majeure, c’est qu’au départ le sein est capable de s’assumer tout seul grâce aux ligaments de Cooper. » Selon Camille Froidevaux­Metterie, « finalement, ce qui compte, c’est de pouvoir chacune faire avec nos seins ce que nous voulons ».

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Pour certaines, depuis le confinemen­t, des vêtements sont en trop sur cette image.

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