20 Minutes (Montpellier)

Racisme, violences policières, sexisme... La jeunesse se fait entendre dans la rue et veut construire un autre monde

Les manifestat­ions actuelles trouvent un fort écho dans la jeunesse, engagée dans diverses luttes

- Hakima Bounemoura

«On marche le poing levé pour montrer qu’on existe. » Environ 15 000 personnes (selon la police) se sont rassemblée­s samedi à Paris, à l’appel du comité Adama Traoré, pour dénoncer le racisme et les violences policières en France. Beaucoup de jeunes manifestan­ts, adolescent­s et étudiants, étaient présents, davantage que lors des précédents

«“Black lives matter”, c’est notre cri de ralliement.» Alexandre, 21 ans

rassemblem­ents. « Beaucoup de vidéos, de témoignage­s et d’appels ont circulé sur Twitter, Facebook ou TikTok sous la bannière “Black lives matter” [« La vie des personnes noires compte »], explique Alexandre, étudiant de 21 ans de Seine-Saint-Denis. C’est notre cri de ralliement à nous, les jeunes. C’est notre #MeToo.» Vêtues d’un tee-shirt «Justice pour Adama», Hawa, Salamata, Cindy, Hanaine et leurs camarades sont mobilisées depuis quatre ans pour faire « éclater la vérité » dans l’affaire Adama Traoré. Elles sont aujourd’hui de toutes les luttes « qui les touchent ». « Nous sommes une génération engagée, contre les violences policières, le racisme, mais aussi contre les violences faites aux femmes, le sexisme, explique Hawa, 20 ans. On ne veut plus subir, mais construire notre avenir.» « C’est à nous de changer les choses, de choisir la société dans laquelle nous voulons vivre, ajoute Hanaine, qui milite aussi pour la défense de l’environnem­ent, à travers les marches pour le climat. L’avenir, c’est nous ! »

« Les mobilisati­ons actuelles que l’on observe peuvent donner des moyens d’expression au sentiment de frustratio­n que peuvent avoir certains jeunes citoyens, diplômés comme non diplômés, de centre-ville comme de banlieue, en élargissan­t les causes à défendre », explique Laurent Lardeux, chargé d’études et de recherche à l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire.

«La parole se libère, les jeunes en ont ras le bol de tout ce qui se passe.» Mathilde, 23 ans

Mathilde se dit très engagée, et beaucoup plus encore ces derniers temps. «On ne devrait pas être là aujourd’hui à manifester contre le racisme, explique l’étudiante de 23 ans, également militante pour la cause féministe. C’est d’une autre époque qui n’est pas la nôtre, ça ne devrait plus exister! La parole se libère un peu partout, les jeunes en ont ras le bol de tout ce qui se passe.» «Beaucoup sont là aujourd’hui pour se défouler après la période difficile que le pays a vécue, et sa gestion catastroph­ique par le gouverneme­nt », ajoute son amie Yoana.

« Après une période de confinemen­t qui pourrait accentuer les inégalités, dans un contexte économique et social devenu très fragile, il n’est pas impossible que plusieurs catégories de jeunes investisse­nt l’espace public pour construire une convergenc­e des luttes et tenter d’élargir l’objet initial de la mobilisati­on », reconnaît Laurent Lardeux. Une convergenc­e des luttes qui ne déplairait pas à Samir, engagé dans une associatio­n de lutte contre les discrimina­tions en Seine-SaintDenis : « A un moment ou à un autre, la jeunesse de ce pays va se réveiller, dire “stop” aux injustices, réclamer plus d’égalité et un avenir meilleur. »

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Environ 15000 personnes, selon la police, se sont rassemblée­s place de la République, à Paris, samedi.

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