20 Minutes (Montpellier)

Une abstention record et une vague écologiste

Les électeurs de près de 5000 communes votaient dimanche pour le second tour

- Laure Cometti

Jusqu’au bout, les élections municipale­s auront réservé leur lot de surprises et de record. Le second tour de ce scrutin s’est déroulé dimanche dans près de 5 000 communes, plus de trois mois après son report. Le vote est marqué par une abstention record et une percée des écologiste­s.

Un record d’abstention. Le taux d’abstention a été encore plus élevé qu’au premier tour, qui constituai­t déjà un record (55,34 %). Environ 60 % des 16,5 millions d’électeurs concernés par ce second tour n’ont pas voté. Ce n’est pas totalement dû au contexte sanitaire, selon le politologu­e Olivier Rouquan : « Les Français ont repris des activités, le coronaviru­s n’explique pas tout. Ce taux est un indice supplément­aire de cette défiance très forte des Français envers leurs élus, et ce, alors que le maire serait l’élu préféré des Français. »

Une « vague verte ». Le succès écologiste des européenne­s se confirme. Europe Ecologie-Les Verts gagne de nombreuses mairies, dont Lyon, Bordeaux, Strasbourg, Besançon,

Poitiers, Annecy ou Tours. « Une vague verte se lève en France », a assuré la porte-parole d’Europe Ecologie-Les Verts Eva Sas sur France 2. « Une partie non négligeabl­e de l’électorat prend désormais cet enjeu environnem­ental au sérieux et peut changer des têtes, observe Olivier Rouquan. La prise de conscience écologiste a pu se conjuguer avec une volonté de dégagisme. Ces municipale­s montrent qu’il n’y a pas de possibilit­é de victoire sans une union entre les écolos et la gauche. »

De belles prises pour le PS. Le parti socialiste se maintient dans ses fiefs, comme Nantes, Paris ou Rennes. Il ravit plusieurs villes à la droite ou au centre-droit, comme Nancy, Bourges et Quimper. Montpellie­r et Saint-Denis sont aussi des prises socialiste­s. Mais à Lille, Martine Aubry a eu peur : elle conserve son écharpe en battant le candidat écologiste Stéphane Baly de seulement 227 voix, selon son entourage.

La droite conforte son ancrage local. Beaucoup de maires sortants LR ont été réélus, comme Jean-Luc Moudenc à Toulouse et Christian Estrosi à Nice. A Paris, Rachida Dati s’incline face à la maire sortante avec un score honorable, au-dessus des 30 %. Mais certains symboles font mal, comme la perte des bastions de Bordeaux et Marseille. « Nous demeurons le premier parti des territoire­s, nous sommes satisfaits », salue Gilles Platret, vice-président du parti.

Le Rassemblem­ent national «entre deux eaux ». Le Rassemblem­ent national n’a pas réussi son pari de bâtir un ancrage local important. Mais en battant Jean-Marc Pujol, le maire sortant LR de Perpignan, Louis Aliot offre au parti sa plus grosse ville (120 000 habitants). « Les Perpignana­is, les Catalans envoient un signe à la France entière. Il n’y a aucun mur qu’on ne peut démolir, ce front républicai­n était une escroqueri­e », a déclaré le député des Pyrénées-Orientales.

La Bérézina annoncée a bien eu lieu pour LREM. La « déculottée » annoncée s’est produite. Le parti présidenti­el ne gagne aucune grande ville, et s’incline dans des métropoles pourtant gagnables, comme Besançon, Lyon ou Strasbourg. A Paris, Agnès Buzyn fait encore moins qu’au premier tour, avec un score estimé entre 13,7 et 16 % des suffrages. Seul réconfort, la victoire du Premier ministre, Edouard Philippe, réélu au Havre.

« Pas de victoire possible sans une union entre les écolos et la gauche.» Olivier Rouquan, politologu­e

Le parti présidenti­el ne gagne aucune grande ville.

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L’eurodéputé EELV Yannick Jadot (à g.) et le candidat vert à Lyon, Grégory Doucet, le 22 juin.

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