L’Occitanie s’invite dans les aventures de Spirou
Le nouvel album des aventures du célèbre groom est sorti
Un nouveau « Spirou » sort ce vendredi. Et si l’album, Spirou chez les Soviets, transporte ce bon vieux groom dans le grand est communiste des années 1960, il a clairement des accents occitans : le dessinateur Fabrice Tarrin est narbonnais, et le scénariste Fred Neidhardt est montpelliérain. C’est sous le soleil du Languedoc, au printemps dernier, tandis que le confinement s’annonçait, que les deux copains ont ainsi bouclé cette BD, événement de cette rentrée.
Un vent de nostalgie
«On a commencé à travailler sur ce projet il y a six ans, raconte Fabrice Tarrin. Je venais régulièrement à Montpellier voir Fred et on s’appelait tout le temps. » Il est même arrivé, parfois, que le duo discute de l’album sur la plage, à Carnon. Et si l’accouchement fut si long, c’est parce que les deux artistes ont aussi oeuvré, pendant toutes ses années, à d’autres projets… Mais surtout parce qu’ils se sont imposé une exigence toute particulière. « Chaque séquence avait cinq, six versions, on les retravaillait à chaque fois, il y a une sorte de ping-pong entre nous qui a duré très longtemps, note le dessinateur. Nous ne voulions surtout pas bâcler. Il fallait qu’on soit d’accord tous les deux. Il y a eu des moments de frictions aussi. » « On s’est disputés, mais on s’est réconciliés, note Fred Neidhardt. Si on n’avait pas eu cette confiance mutuelle et si on n’avait pas été aussi complices, ça aurait été dur. »
Et ça valait le coup. Ensemble, ils ont pondu un album captivant, dans lequel Spirou et Fantasio se lancent à la recherche du comte de Champignac, enlevé par le KGB. Un opus résolument tourné vers l’aventure… et la nostalgie. Au fil des pages, ces deux-là ont en effet distillé des tas de références que les fous de neuvième art vont adorer: un clin d’oeil au premier album de « Tintin », qui, lui aussi, jadis, s’est frotté aux Soviétiques, au journal Vaillant, ou à Mickey, « symbole de l’impérialisme » américain, pour des policiers russes qui jettent Spirou et Fantasio au cachot.
La BD met aussi en selle des héros à l’ancienne, tout droit sortis de leur âge d’or, dans les années 1950 et 1960. « Fred voulait un Spirou un peu plus vintage, il voulait retrouver ses souvenirs d’enfance, lorsqu’ils lisaient les premiers albums de Franquin [dessinateur emblématique de la série] », confie Fabrice Tarrin, qui a découvert « Spirou » « en classe de mer », alors qu’il avait 10 ans. « Les récits de Franquin m’ont toujours fasciné. Adolescent, j’aimais tellement Franquin que je me suis détourné des autres auteurs de BD ! » Fred Neidhardt, lui, était même surnommé « Spirou » par ses camarades d’internat, quand il était adolescent : « J’ai découvert les “Spirou” des années 1950 chez des amis de mes parents. Ça a été un vrai choc. » Une passion que l’on retrouve tout au long de cet album de « Spirou et Fantasio », qui fera date dans l’histoire de la série.