20 Minutes (Montpellier)

Une montée au créneau

Guillaume Martin construit sa légitimité dans les cols

- Julien Laloye

C’est une règle au sein du peloton qu’on ignorait. Quand la pente ramène tout le monde à son humble place, il y a un certain ordre à respecter. «Autrefois, je ne faisais pas de bruit, j’étais le dernier du groupe, raconte Guillaume Martin, troisième du classement général. Maintenant, je me dis que j’ai ma place dans la file pour prendre la roue de Roglic, de Bernal. Ils ont encore du mal à m’accorder cette place. »

Se débrouille­r tout seul

A 27 ans, le coureur de la Cofidis doit se faire sa place tout seul dans les cols, où les leadeurs qui se reniflent souvent depuis des années forment une caste à part. « Ça marche au palmarès, on laisse plus facilement la place dans le groupe des favoris à un grand nom qu’à Martin, explique l’ancien coureur David Moncoutié. Pourtant, Guillaume ne sort pas de nulle part. C’est un coureur super régulier qui est présent tous les jours à l’avant en montagne. » En plus, il n’est pas du genre suceur de roue qui ne bouge pas une oreille. « Il tente de sortir régulièrem­ent, c’est un maillot qu’on finit par retenir chez les leadeurs », insiste Moncoutié. Le maillot Cofidis, justement, n’a pas épaté les suiveurs par sa présence en montagne depuis que Moncoutié a raccroché, en 2012. « C’est sûr que ce n’est pas la même prestance qu’Ineos ou la

Jumbo », reconnaît ce dernier. Et cela dépasse la question de légitimité. A la différence de Roglic ou Bernal, Martin, victime d’une lourde chute mardi, doit se débrouille­r tout seul dès le pied des cols, là où il faut savoir émerger en tête de peloton sans griller trop d’énergie. «Pour me porter à l’avant du groupe, c’est comme si je devais faire une première attaque», reconnaît Guillaume Martin. Impossible, donc, de sauter dans la roue de celui qui pose une mine dix mètres devant, sous peine d’exploser en vol. D’autant que Martin ne peut même plus bénéficier de l’effet de surprise qui accompagne les grimpeurs de second rang qu’on laisse parfois s’amuser. «Leur regard a changé, je commence à être connu, considéré, je fais ma place petit à petit», se félicite désormais l’intéressé.

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Martin devant Quintana et Roglic.

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